1 décembre 2022

CinéZone | Henry Jaglom - Un coin tranquille (1971)




Franchement nous espérions (beaucoup) d'un film réunissant Tuesday Weld, Orson Welles et Jack Nicholson que ce Coin tranquille bavard et abscons. Mais c'était sans compter sur la médiocrité de Henry Jaglom dont c'est la première expérience pour le grand écran, ce qui n'excuse pas sa fâcheuse tendance à se regarder filmer, ivre de son propre travail de déconstruction du langage cinématographique. Mais n'est pas Robert Altman ou Alan J. Pakula qui veut et faut-il encore avoir quelque chose à raconter. Ce qui ne semble pas être le cas de A Safe Place qui confond liberté et vide artistique. Sans doute Jaglom souhaitait-il interroger sur l'illusion de la réalité mais il ne réussit qu'à nous emmerder au bout de dix minutes de monologues et de plans additionnés les uns aux autres comme s'ils avaient été éparpillés puis recollés au petit bonheur au montage. Baignant dans le climat hippie de l'époque, les acteurs improvisent et Orson Welles exécute des tours de magie dans Central Park, magicien (d'Oz ?) ou ange gardien de Tuesday Weld. 

C'est pour celle-ci et uniquement pour elle qu'Un coin tranquille mérite d'être vu. Charmante et au sommet de sa beauté, elle rayonne de naturelle, fleur prête à éclore. Longtemps réduite au rang de jolie blonde aux côtés de Steve McQueen dans La dernière bagarre de Ralph Nelson (1963) et Le Kid de Cincinnatti de Norman Jewison (1965) ou de Gregory Peck dans Le pays de la violence de John Frankenheimer (1970), elle semble y croire, espérant sans doute trouver dans ce film le moyen de démontrer un talent et une présence qui ne lui étaient pas encore reconnus. Elle devra attendre pour cela Play It As It Lays de Frank Perry (1972), A la recherche de Mr Goodbar de Richard Brooks (1977), Les guerriers de l'enfer de Karel Reisz (1978) et Le solitaire de Michael Man (1980), œuvres artistiquement plus conventionnelles mais plus efficaces. Il sera pourtant déjà trop tard pour elle et il ne fait aucun doute que le 7ème art est passé à côté d'un potentiel à peine défloré... Comme l'illustre Un coin tranquille à sa trop maladroite et prétentieuse mesure... (vu le 13.11.2021) ⍖



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