16 novembre 2022

KröniK - Prehistoric Pigs - The Fourth Moon (2021)




Bon, autant l'énoncer de suite, Prehistoric Pigs coche toutes les (bonnes) cases. Déjà, il s'agit d'un trio, assurance d'une expression dégraissée de tout superflu. Ensuite, son nom évoque d'emblée quelque chose de bien lourd, probablement nimbé de vapeurs spatiales. Qui plus est, les bougres ont opté pour une formule instrumentale, qui elle aussi appelle des références, juteuses et heavy, comme de bien entendu. Et en plus, ils sont originaires d'Italie, terre fertile en bûches (Ufomammut, Black Rainbows...). Prehistoric Pigs vidange ainsi un stoner épais et rocailleux mais qui sent bon la fumette. Italien de sol donc, le groupe se veut en revanche clairement américain de sang, avec ces étendues vastes et désertiques, arides et chauffée au soleil. Dans ses veines coulent à la fois Kyuss pour ces riffs biberonnés à la mescaline ('Meteor 700') et Karma To Burn pour cette énergie directe et ravageuse ('Old Rats'). Trapu (il dure moins de quarante minutes), The Fourth Moon est un album simple, sans prétention, mais non sans gras. Son exploration ne réclame ni analyse poussée ni prise de tête, enveloppe d'un rock bourru gorgé de fuzz qui va à l'essentiel, raclant un sol pierreux que sillonnent des créatures simiesques. 

Six titres s'enchaînent sans débander, qui s'enfilent avec sueur et fracas. Les frangins Tirelli, Juri (guitare) et Jacopo (basse) font exploser le compteur Geiger, les pieds figés dans la terre tandis que le batteur Mattia Piani imprime un groove, parfois survolté, le plus souvent assommé par la torpeur. Quand on est fan du genre, il paraît difficile de résister à l'appel de cette rondelle dont l'entame, 'C35', s'accroche immédiatement à la cervelle comme une moule à un rocher, procurant autant l'envie de sucer des bières, de tailler la route ou de se briser les cervicales en remuant la tête au rythme de ces éruptions préhistoriques. Si l'album charrie un psychédélisme néanmoins toujours graisseux ('Crototon'), ce sont les gros riffs velus qui le guident, qui l'irriguent à travers des paysages désolés et lunaires, plombés et hostiles. Nul besoin de grands discours, The Fourth Moon découpe une épaisse tranche de stoner hirsute et rugueux qui baigne dans une science-fiction de série B.  (05.02.2022 | MW) ⍖⍖

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