10 novembre 2022

CinéZone | Robert Benton - Kramer contre Kramer (1979)




Gros succès commercial en 1979, Kramer contre Kramer est un jalon important dans la carrière de Dustin Hoffman. Le film capte l'esprit du temps et fait écho à des sujets qui traversent alors la société : le divorce et ses corollaires, l'émancipation professionnelle des femmes et l'aspiration des pères à s'occuper davantage de leurs enfants. Malgré tout, certains ont pu juger l'œuvre de Robert Benton manichéenne en cela qu'elle oppose le bon père qui attire évidemment l'empathie à la mauvaise mère, indigne et instable, rivalité mécanique qui oblige à prendre partie, comme le confirme une fin commode et peu vraisemblable. Ceci étant, Kramer contre Kramer se révèle moins caricatural qu'on ne le croit et surtout plus féministe alors même qu'il se range du coté du papa. S'il finit par tenir son rôle, le père est brossé comme un être démissionnaire, qui a laissé son épouse s'occuper seul de leur progéniture, la privant d'une autonomie professionnelle. Le film illustre le besoin des femmes à s'épanouir comme telles et plus seulement comme bonne mère et bonne épouse dont la vie est circonscrite au foyer. 

En devant jongler entre son travail et son petit garçon, Ted Kramer fait l'expérience de ces mamans qui doivent se démultiplier pour mener une carrière sans délaisser leur famille. Enfin, le long-métrage traduit déjà l'indifférenciation des genres et des rôles qui travaille de plus en plus nos sociétés entre des femmes qui ne veulent plus s'encombrer d'enfants et des hommes qui tendent à les remplacer au sein du foyer. Kramer contre Kramer n'est pas qu'un film de son temps car il se révèle aussi en avance sur celui-ci, anticipant les évolutions sociétales en cours. Il demeure surtout une comédie dramatique extrêmement efficace, tendre et pudique. Les scènes entre Dustin Hoffman et le jeune Justin Henry sont irrésistibles, notamment celle du petit déjeuner. Tout d'abord tendue, la relation entre Ted et son fils gagnera peu à peu en complicité au point que Billy ne voudra plus quitter son père. La souffrance des enfants ballotés entre leurs deux parents est esquissée avec justesse et sobriété. On peut difficilement retenir ses larmes en assistant à la détresse de ce petit garçon qui réclame sa maman face à un papa qu'il considère presque comme un étranger. Il va sans dire bien entendu que tous les acteurs sont parfaits, des premiers (Dustin Hoffman, Meryl Streep) aux seconds (Jane Alexander, Howard Duff) rôles. (vu le 29.10.2021) ⍖⍖⍖



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