Malgré un Norman Jewison, dont c'est la première expérience pour le grand écran, devant la caméra et le couple formé par Tony Curtis et Suzanne Pleshette, derrière, Des ennuis à la pelle demeure un film plutôt méconnu et oublié (ceci expliquant sans doute cela). Il s'inscrit dans cet ensemble de comédies que le comédien usinait dans les années 60. Et s'il ne peut prétendre posséder ni le charme pétillant d'Une vierge sur canapé (1964) ni la dévastation comique de La Grande course autour du monde (1965), 40 Pounds Of Trouble n’en dévoile pas moins les atours séduisants d’une agréable comédie dans un style Disney suranné qu’il transcende par la mise en scène inspirée et empreinte de folie de Norman Jewison, lequel vaut mieux que les artisans maison du studio de Mickey. L’arrivée de Tony Curtis dans le casino que la caméra suit en reculant sous la forme d’un long plan séquence témoigne ainsi d'un véritable travail de cinéma. Bien sûr, quand on garde en mémoire Le Kid de Cincinnati (1965), L’affaire Thomas Crown (1968), Rollerball (1975) ou FIST (1978), on peut être étonné de retrouver le réalisateur à la barre de cet inoffensif divertissement mais c’est oublier que toute la première partie de sa carrière, qui n’est d’ailleurs pas la plus mémorable, l’a vu illustrer les aventures humoristiques de Doris Day (Ne m’envoyez pas de fleurs en 1964), de James Garner (Gare à la peinture en 1965) ou des deux réunis (Le piment de la vie en 1963).
Troisième des quatre adaptations d’une histoire imaginée par Damon Runyon après Little Miss Marker (1934) avec Shirley Temple et Un crack qui craque (1949) avec Bob Hope et avant La puce et le grincheux (1980) avec Walter Matthau, Des ennuis à la pelle puise également son actif dans la beauté rayonnante de Suzanne Pleshette et bien entendu un Tony Curtis qui cherche à casser quelque peu son image de séducteur en incarnant un manager de casino attendri par une enfant à laquelle il n’ose avouer la mort de son papa. Il faut le voir tout d’abord maîtriser la mécanique gestuelle d’un homme lointain et quasi maniaque puis dégouliner peu à peu une tendresse qu’on ne lui connaît guère. Mais le clou du film reste sa longue course-poursuite à travers Disneyland, publicité XXL à peine déguisée pour le parc d’attraction qui accueille alors pour la première fois une équipe de tournage. Prévisible d’un bout à l’autre (on devine que Suzanne Pleshette finira dans les bras de Tony Curtis et qu’ils établiront une famille avec la jeune Claire Wilcox), 40 Pounds Of Trouble figure donc parmi ces comédies typiques des années 60 dont le rythme échevelé ne les rend pas moins anodines mais néanmoins charmantes… (vu le 07.11.2021) ⍖⍖
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