17 novembre 2022

CinéZone | Jack Lee-Thompson - Le justicier braque les dealers (1987)




En 1987, Charles Bronson rempile pour la quatrième fois dans le rôle de Paul Kersey, le dératiseur urbain. Mais ce ne sont plus les violeurs et autres loubards qu'il traque mais les trafiquants de drogue suite à la mort par overdose de la fille de sa nouvelle compagne. Si le Justicier dans la ville originel reste un polar très réussi, matrice du vigilante movie, qui a su capter la violence urbaine et illustrer la mue de son personnage principal en bras armé d'une société qui n'a plus confiance en sa justice légale, déjà les deux films suivants marquaient le pas mais conservaient un intérêt par leur violence jubilatoire. Le justicier braque les dealers déçoit encore davantage. Tout le monde dans ce film se contente du service minimum. Charles Bronson s'exécute sans paraître vraiment concerné. On aimerait affirmer que c'est parce qu'il a alors d'autres chats à fouetter, entre le cancer qui ne tardera pas à emporter Jill Ireland et l'addiction aux drogues du fils de celle-ci. Mais au vrai, cela fait déjà des années que le moustachu ne fait guère montre d'une grande conviction, tournant des films comme d'autres vont pointer à l'usine. Succédant à Michael Winner, Jack Lee-Thompson a renoncé à toute ambition, réduit désormais au faire-valoir de Bronson qui lui a pourtant, par le passé, inspiré un travail un peu plus enthousiasmant. Ce Death Wish IV n'a ainsi même pas pour lui la brutalité de L'enfer de la violence ni l'ambiance sexuellement malsaine du Justicier de minuit

Le scénariste n'est pas à une invraisemblance près tandis que la vision de la guerre des gangs et du trafic de drogue qu'il propose n'évite aucun cliché. Kay Lenz hérite d'un rôle décoratif et on ne peut d'ailleurs qu'avoir une pensée émue pour elle tant sa performance dans le Breezy de Clint Eastwood augurait d'une carrière autrement meilleure. Pourtant solides et sympathiques (John P. Ryan, Perry Lopez, Danny Trejo), les autres comédiens ne font pas dans la demi-mesure. N'oublions pas non plus de citer à son  passif une entame grotesque bien qu'elle soit assumée comme telle. Mais le film est le fruit d'une époque révolue qui n'était pas encore corsetée par le politiquement correct, pellicule réactionnaire où les crapules sont incarnées par les minorités et où les répliques sexistes n'effraient personne, ce qui n'est pas déplaisant mais ne saurait suffire à sauver Le justicier braque les dealers d'une réelle médiocrité. Alors dans le rouge, la Cannon pensait renflouer ses caisses en le produisant, pas de bol le film s'est ramassé en salles, confirmant l'érosion commerciale de la franchise. Ce qui ne refroidira pas Menahem Golan et Yoram Globus qui vendront encore un Death Wish V en 1994, plus mauvais encore, plus obscur surtout et dont l'exploitation confidentielle soldera une série depuis longtemps à bout de souffle. Avec le recul, le modeste et moins tapageur  Messager de la mort (1988) distille finalement plus de charme que ce quatrième Justicier, efficace et rigolo au demeurant. (vu le 05.11.2021) ⍖⍖


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