1 novembre 2022

CinéZone | Alfred Hitchcock - La loi du silence (1953)




Alors que toute l'œuvre d'Alfred Hitchock repose sur le thème de l'innocent accusé à tort de meurtre, les deux films de sa vaste carrière qui résument le mieux cette obsession figurent étonnamment parmi ceux qui sont le moins cités, ni La loi du silence (1953) ni Le faux coupable (1957) ne bénéficiant de la même aura que Sueurs froides (1958), La mort aux trousses (1959) ou Psychose (1960). Il faut dire que le premier des deux n'a pas connu un franc succès commercial. Sans doute parce que le secret de la confession sur lequel toute l'intrigue est bâtie, est étranger aux Américains pour beaucoup protestants. Hitchock lui-même n'en était guère satisfait, jugeant I Confess trop sérieux et sans humour (qui n'en est pourtant pas absent). Sa relation avec Montgomery Clift fut par ailleurs difficile. Questionnant la notion de culpabilité et de justice, celle des hommes contre celle de Dieu, La loi du silence n'en pas moins intéressant. Ne serait-ce déjà parce qu'il affronte une dimension religieuse feu fréquente dans les films du réalisateur alors même que celui-ci fut marqué par l'éducation rigide des Jésuites. 

A l'instar de L'inconnu du Nord-Express (1951), la culpabilité est transférée d'un homme à un autre. Après avoir commis un meurtre, Otto Keller se confesse auprès de l'abbé Logan qui très vite se voit accusé du crime car deux témoins déclarent avoir vu un homme en soutane quitter la maison de la victime. Tenu par le secret de la confession, le père Michael ne peut dénoncer le vrai coupable, acceptant le risque d'être condamné et exécuté. Tout le ressort dramatique du film repose sur ce dilemme à la fois théologique et moral auquel Hitchcock ajoute, comme souvent, un caractère sexuel puisque Logan est amoureux d'une femme, mariée qui plus est, quand bien même ils se sont connus et aimés avant qu'il ne devienne prêtre. Intéressant est aussi la nature du coupable, un immigré auquel sa terre (le Canada) et sa famille (l'Eglise) d'accueil ont accordé leur confiance, qu'il trahit pourtant, poussant le vice à tirer profit de la faiblesse de l'abbé. Par ailleurs, La loi du silence déroule un formidable suspense qui tient en haleine tout du long, enrobé dans une très belle photo en noir et blanc qui sert d'écrin à la ville de Québec parfois menaçante, et porté par l'interprétation toute en intériorité de Montgomery Clift, secondé par Anne Baxter, beauté hitchcockienne évidemment atypique, sans oublier Karl Malden en policier incarnant la raison face à la foi. Moins connu que d'autres films du maître néanmoins bien inférieurs tels La main au collet (1955) ou L'homme qui en savait trop (1956), La loi du silence mérite d'être réévalué à sa juste valeur, comme Le faux coupable...  (vu le 27.10.2021) ⍖⍖⍖ 



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