24 octobre 2022

KröniK | Wiegedood - There's Always Blood At The End Of The Road (2022)




Désormais délivré de la trilogie De Doden Hebben Het Goed, nous nous demandions quelle direction Wiegedood déciderait d'emprunter. Continuerait-il à sculpter ce black metal d'une âpreté glaciale coulé dans des compositions torrentueuses ? Ou bien entamerait-t-il un changement brutal ? Si elle s'est faite quelque peu désirer (quatre ans d'attente ou presque), il n'est cependant pas sûr que la réponse à cette interrogation soit au goût de tous. Le choc voire le traumatisme risquent d'ailleurs bien d'accompagner la découverte de There's Always Blood At The End Of The Road tant celui-ci déboule à cent à l'heure et sans préliminaire, masse grondante et foudroyante capable d'avaler toute trace de vie et de lumière dans son sillage. Si les Belges ont toujours saigné une violence aussi froide qu'abrasive, jamais ils n'ont été aussi loin dans la radicalité. A tel point que nombreux seront peut-être ceux à ne plus les reconnaître. Il faut bien avouer qu'on ne se remet pas de sitôt d'un 'FN SCAR 16' qui d'emblée explose la cervelle de celui qui a l'imprudence de l'écouter sereinement sans avoir pris ses précautions. Car c'est bien simple, durant quatre minutes, le trio exécute un pilonnage en règle, dégazage sauvage d'une marée noire qui emporte tout sans jamais s'interrompre. Difficile de sortir indemne d'une telle boucherie. 

Si au moins Wiegedood se reposait - et nous avec - par la suite, mais non, le reste est taillé dans cette même fureur minérale bouillonnante de haine. Ceci étant, le fait que le groupe ait délaissé les longs morceaux pour un format plus trapu (à l'exception de 'Now Will Always Be', le seul à franchir la barre des cinq minutes) annonçait déjà un album plus direct que ses devanciers, sans pour autant promettre une telle sévérité qui n'est pas sans rappeler celle vomie en son temps par Hate Horest avec Sorrow (2004), mètre-étalon du black metal le plus haineux avec lequel il partage une agressivité identique que rien ne vient stopper. Par conséquent, il serait facile d'affirmer que Wiegedood a négocié un changement de style drastique mais l'écoute attentive de ce quatrième effort nuance ce jugement. Il reste en effet toujours quelque chose de cette froideur émotionnelle, de cette beauté austère, tapies dans l'intimité de Do Doden Hebben Het Goed. Ce sont bien sûr les huit minutes que dure 'Now Will Always Be' qui en fournissent la démonstration, timide accalmie dont le tempo vicieux se conjugue à un inexorable désespoir. Mais en vérité, chaque titre révèle une fragilité, des failles depuis lesquelles s'écoule une mélancolie prégnante en même temps qu'une forme d'émotion douloureuse, qu'il s'agisse de 'Theft And Begging', de 'And In Old Salamano's Room, The Dog Whimpered Softly' ou de 'Until It Is Not' qui tous sont cisaillés par ces guitares gorgées de désolation, labourant la chair à la manière d'un scalpel rouillé. En somme, Wiegedood accouche d'une œuvre d'une rare intensité dont la démentielle brutalité masque en réalité une détresse crépusculaire. (16.01.2022 | MW) ⍖⍖⍖

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