31 octobre 2022

KröniK | W.E.B. - Colosseum (2021)




Favorablement impressionnés par Tartarus (2017) qui lui a permis de franchir un cap tant en termes de qualité que de puissance, noire et torrentielle, c'est donc avec un plaisir non feint que nous avons accueilli ce cinquième effort de W.E.B., acronyme de Where Everything Begun. Pourtant, force est de reconnaître que les Grecs échouent cette fois-ci à nous enthousiasmer comme il y a quatre ans. Cathédrale riche d'une emphase cataclysmique, la forme fait honneur au titre de cet album. Techniquement, les musiciens sont affutés et envoient le petit bois (mention spéciale décernée au cogneur Nikitas Mandolas) et les arrangements symphoniques brillent d'un éclat ténébreux et baroque ('Murder Of Crows'). L'influence de Rotting Christ mord parfois la chair d'un menu particulièrement râblé, comme l'illustre le percutant 'Pentalpha', ce dont nul ne se plaindra. Des compositions telles que 'Colosseum', joyau taillé dans un black symphonique aussi agressif que luxuriant, ou ce 'Dark Web', qui gronde d'une grandiloquence barbare, sabré qui plus est de lignes de guitares vertigineuses, creusent de profonds stigmates dans la mémoire. 


Mais alors d'où viennent les grumeaux et cette impression finalement mitigée ? De plusieurs éléments. Si les Grecs ne se sont jamais montrés avares en brutalité, jamais ils n'ont paru aussi méchants. Qu'est-ce qui leur est arrivé ces dernières années pour être aussi énervés ? Nul le sait mais une chose est donc évidente, ils ont puisé dans cette colère une violence décuplée qui ne laisse que peu de place aux mélodies, bien camouflée sous une épaisse couche de noirceur et de haine. Corollaire de cette impétuosité acérée, "Colosseum" finit par lasser sur la durée, ce que renforcent à la fois la saturation de l'espace sonore voulue par le quatuor et une seconde partie plus brouillonne sinon moins mémorable que sa devancière, sombre et martiale. 'Exaudi Luciferi' abuse des samples, l'instrumental 'December 13th' s'achève sur une note étonnamment radieuse qui se fond mal dans cet ensemble furieux tandis que 'Ensanguined' affiche des arabesques orientales quand même franchement kitsch. En définitive, si l'animosité accrue de son art n'est pas en faute, W.E.B. pèche par sa volonté de trop en dire, de trop en déballer, de remplir ses chansons jusqu'à la gueule, confondant finalement densité et excès. Nul doute cependant que certains trouveront leur compte dans ce Colosseum effectivement colossal de férocité, accouplant démesure symphonique et déluge échappé des enfers. (23.01.2022 | MW) ⍖⍖
 

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