3 octobre 2022

KröniK | Sorcerer - Reverence (2021)




En septembre dernier, Sorcerer offrait comme single digital une relecture du légendaire 'Gates Of Babylon' de Rainbow. Trois autres reprises, de groupes différents, ont suivi, chacune à un mois d'intervalle. Elles sont aujourd'hui réunies sous la forme d'un EP, lui aussi uniquement numérique, par Metal Blade qui a flairé le bon coup pour se faire des sous sans trop se casser la tête. Quelle imagination ! Outre l'Arc-en-Ciel, Reverence puise dans le répertoire de Black Sabbath ('When Death Calls'), Saxon ('Crusader') et Ozzy Osbourne ('Waiting For Darkness'), manière pour les Suédois de se faire plaisir en rendant un juste hommage à leurs aînés. Ca fait aussi passer le temps quand on est musicien et qu'une crise sanitaire mondiale n'en finit pas. Mais quel peut être l'intérêt d'un tel exercice, exécuté par une formation, talentueuse certes, qui malheureusement ne se risque jamais à reprendre des chansons éloignées de son propre style ? De fait, aucune surprise n'émaille un produit dont on devine la teneur sans même l'avoir écouté. Sorcerer étant ce qu'il est, héraut solide d'un heavy doom épique, il s'acquitte de ces reprises avec l'efficacité et le sombre lyrisme attendus. 


Et si nous lui sommes gré d'avoir jeté son dévolu sur un obscur titre de Black Sabbath, cette relecture de 'When Death Calls', agréable au demeurant, rappelle surtout que même avec Tony Martin au chant, le dinosaure anglais est impossible à égaler et que Headless Cross (1989) demeure un album encore trop sous-estimé. Reverence souligne également le fait que Rainbow n'est pas plus accessible au commun des mortels. Grand chanteur, Anders Engberg n'est pas Ronnie James Dio mais il livre néanmoins une interprétation séduisante alors qu'aucun des deux guitaristes, Kristian Niemann et Peter Hallgren, ne saurait rivaliser avec Ritchie Blackmore. Reconnaissons cependant que ces deux reprises, coulées par les Scandinaves dans le creuset d'un doom solennel, séduisent par leur puissante et crépusculaire emphase. 'Crusader' et 'Waiting For Darkness' se révèlent moins mémorables car plus mielleux sans pour autant se départir de l'efficacité habituelle de leurs interprètes. Sans prétention mais soigné, Reverence n'est donc pas à prendre pour autre chose que ce qu'il est, agrégat sympathique de quatre reprises dont la valeur d'origine les rend de toutes façons très agréables à savourer, même s'il aurait été sans doute plus intéressant de voir Sorcerer se frotter à un autre registre que le hard rock ou le heavy. (02.01.2022 | MW) ⍖⍖


 

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