23 octobre 2022

KröniK | Kosmos - S/T (2007)




Malgré la volonté affichée des membres restants de tenter de maintenir le navire à flot, rien n’y fait : Voivod est bien mort avec son guitariste, le regretté Piggy, emporté par un cancer en 2005. Avant la mise en bière définitive programmée pour 2008 par le biais d’un second opus posthume, après l’inégal Katorz, qui réunira tous les musiciens ayant participé à l’aventure, Michel Langevin, alias Away, a décidé de tourner la page et d’entamer un nouveau chapitre de sa carrière. Pour ce faire, il lance aujourd’hui un projet tout neuf avec des potes acoquinés autour d’un but commun et simple : rendre hommage au rock des années 70 (le meilleur ?) et faire revivre toute la scène progressive allemande de la même époque (le morceau « Krautrock » a carrément des allures de manifeste). Kosmos, le bien-nommé, est né. Ceux qui s’attendent à un Voivod bis en seront donc pour leur frais et ne serait-ce le visuel psyché nourri de SF et quelques effets bien cosmiques, œuvres du batteur, on serait bien en mal de dénicher l’influence de ce dernier dans ce groupe. 

Essentiellement instrumental (quand il ne l’est plus comme sur « Much Too Old » ou sur « Amérique inavouable », en dépit de paroles bien acides pour le second, la réussite s’avère nettement moins au rendez-vous), frais et sans prétention, cette première giclée remplit avec largesse son cahier des charges. Les orgues dégoulinent, transpire les seventies par tous les pores, cavalent dans tous les sens comme durant l’âge d’or de Deep Purple (« Messe Noire » aurait presque pu figurer sur Fireball), ça plane dans la stratosphère comme après des heures de fumette et le titre « Indu Kush » semble tout droit sorti d’un disque de Amon Düül II (on pense notamment à l’excellent Carnival In Babylon). Trip garanti donc. Les esprits chagrins estimeront certainement que tout cela n’est très sérieux et ne vole paradoxalement pas bien haut. Ils ont bien tort. Courts, accrocheurs et toujours envoûtants, ces titres, au nombre de douze, ont l’intelligence de rester bien agripper au rocher du rock, celui des origines. Nostalgiques sans doute, Kosmos n’a pas pour autant le regard constamment braqué dans les rétroviseurs du passé ; il sait rester moderne et actuel, notamment par un son organique, biberonné aux seventies mais jamais désuet. Tout n’est pas réussi sur ce galop d’essai – « Moterhship » par exemple semble aller nulle part – mais il recèle suffisamment de bons moments pour être à même de conquérir les plus ouverts d’entre vous et les fans de notre quasi-compatriote Away. Un disque plaisant et prometteur dont on espère qu’il ne demeurera pas orphelin et surtout ce que le batteur a offert de plus intéressant depuis très longtemps. (le 15 juillet 2008) ⍖⍖⍖

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