25 octobre 2022

CinéZone | Jean Delannoy - Maigret et l'affaire Saint Fiacre (1959)




Jean Gabin a joué à de nombreuses reprises dans des adaptations de Georges Simenon, dont trois enquêtes de Maigret. Les deux hommes s'appréciaient. Pour autant, l'écrivain estimait que l'acteur n'était pas l'interprète le plus juste de son fameux commissaire auquel il préférait Michel Simon ou, plus étonnant, Jean Richard. Malgré toute l'estime qu'il nourrissait à son égard, il jugeait que Gabin n'incarnait pas vraiment son personnage : trop de Gabin et pas assez de Maigret. L'affaire Saint-Fiacre ne lui donne pas tort. Si dans Maigret tend un piège (1957), le comédien masquait ses mimiques habituelles, le naturel reprend le dessus dans cette deuxième aventure qu'il tourne sous la houlette de Jean Delannoy. Ici le commissaire s'efface derrière Gabin, roc tranquille que déforment des grimaces et tics de langages reconnaissables entre mille, sans que cela nuise toutefois au plaisir, immense, de voir le film. 

Le succès rencontré par Maigret tend un piège pousse Gabin à endosser à nouveau le costume du policer devant la caméra de Delannoy alors que, semble-t-il, aucun des deux n'y tenaient particulièrement. Raison peut-être pour laquelle Maigret et l'affaire Saint-Fiacre parait moins réussi, moins fort. Moins tendu également. L'enquête est menée tranquillement par un Gabin placide mais qui ne résiste pas toujours à l'envie d'en faire des caisses. Mais le film est plastiquement soigné, exposant quelques savoureux numéros d'acteurs, de Michel Auclair, fils arrogant et indigne, à Robert Hirsch en secrétaire gigolo en passant par Jacques Morel en avocat ivre de lui-même. Comme toujours Gabin s'entoure d'habituels seconds couteaux tels que l'indispensable Paul Frankeur ou bien Marcel Pérès et la vieille Gabrielle Fontan dont il s'agit de l'avant-dernière apparition au cinéma. Adaptation fidèle même si l'enfance de Maigret et la description des rites catholiques sont brossées de façon évasive, Maigret et l'affaire Saint-Fiacre reste un film solide nimbé du charme suranné, comme figé dans le temps, de la France des années 50... (vu le 25.10.2021) ⍖⍖⍖




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