25 septembre 2022

KröniK | Horna - Sanojesi Äärelle (2008)




A l’heure où, d’après son guitariste et principal leader, Shatraug, l’avenir de la horde se veut incertain, son septième album (en faisant fi des palettes entières de splits et autres EP qui forment en réalité l’essentiel de sa bordélique discographie) a des allures de synthèses des portes que le groupe a franchies. De fait, cet opus est à même de plaire à tous ses fans, qu’il s’agisse de ceux qui apprécient ses atours crus et sauvages, comme sur le dernier mini en date, Pimeyden Hehku ou des autres qui aiment quand il serre le frein à main à la manière de Ääniä  Yössä, sans oublier ceux qui le préfèrent plus mélodiques à l’image de Envaatnags Elfos Solf Esgantaavne. Tout le monde y trouva donc manière à picorer. Corollaires de ces diverses directions qu’il emprunte, Sanojesi Äärelle se scinde en deux parties distinctes sur deux disques. Le premier agglomère sur près de cinquante minutes dix titres intenses et barbares. Cinquante minutes de viols auditifs pendant lesquels Horna annihile tout sur son sillage. Noires et à la profonde négativité, ces agressions d’une violence épidermique hallucinante vous vrillent l’âme, vous écorchent ce qui vous reste de cerveau avec un savoir-faire exemplaire. On sort exsangue d’un tel pilonnage en règle qui reste malgré tout assez accessible car non dépourvu d’un certain sens mélodique (comme sur « Verilehto » notamment). Corvus hurle sa haine comme si demain ne devait plus exister tandis que Shatraug et Infection libèrent des riffs venimeux et saignants. 


Plus courte, la seconde partie offre un visage plus nuancé de la horde finlandaise, par le biais de quatre complaintes plus atmosphériques et moins rapides bien que tout aussi primitives. « Liekki Ja Voima » arpente durant près de dix minutes le caveau sinistre d’un black lancinant et répétitif à la Burzum, et dont le final obsédant est beau à pleurer, cependant que le désespéré « Ruumislttari » laissera pendant longtemps ses résidus morbides dans votre mémoire. Et que dire du poignant « Baphometin Sumaus » et plus encore de l’envoûtant « Musta Rukous » qui durant plus de dix minutes retrouve la flamboyance noire de Ääniä Yössä. Ce titre, irrigué par des riffs d’où ruisselle un mal être absolu et qui labourent les chairs à la manière d’un scalpel, justifie à lui seul l’achat de ce disque qui s’impose du reste d’emblée comme une des pierres angulaire de la carrière du groupe. Tel un Janus musical, Sanojesi Äärelle rassemble en quelque sorte deux albums en un. Avec un versant rapide, intense et un second plus lancinant, ce sont les deux faces noires d’une même pièce. Deux visages pour un même groupe décidément unique et dont on espère que cet opuscule ne sera le testament, quand bien même on ne saurait rêver mieux pour une oraison funèbre. (11/11/08) ⍖⍖⍖

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