Le metal n’est, malheureusement, pas imperméable aux modes. Il y a dix ans, on nous cassait les couilles avec le stoner rock, puis avec le true metal (qu’en reste-il aujourd’hui ?). Puis, le Gothic metal à bimbos les a supplantés dans le slip des metalheads. Actuellement, c’est le pagan folk metal qui a le vent en poupe. Et comme toujours, il y a à boire et à manger, entre les ténors du genre (Finntroll, Primordial…) et les guignols à peine digne d’une fête de la bière en Allemagne. On se méfie donc de toutes ces nouveautés qui ne cessent d’encombrer chaque jour un peu plus les étals des disquaires, d’autant plus lorsqu’elles sont produites par le label Trollzorn dont le catalogue compte des brouettes entières de formations de série Z pas toujours intéressantes. Noyé dans la masse, Helfahrt correspond néanmoins à ce que le label possède de mieux dans le genre. Malgré le jeune âge des guerriers en présence, ce petit groupe est tout de même déjà actif depuis 1999 et Wiedergang est sa seconde cuvée.
Encore puceau peut-être, mais Helfahrt sait manier son membre dur et long ; il s’y entend déjà pour délivrer un pagan black metal de bonne facture qui a l’intelligence de ne pas se prendre les pieds dans les sandales du folk metal, dont seule une flûte discrète sur quelques titres (« Wiedergänger », par exemple) se révèle être réellement l’unique signe d’appartenance musicale. Au contraire, cet album, souvent rapide, baigne dans un art noir âpre et rugueux aux guitares fielleuses et guidé par un chant belliqueux. Point de nappes de claviers Bontempi guillerettes ni de pauses acoustiques façon feu de bois, exception faite de l’instrumental « Winter » qui achève l’écoute, durant ce recueil sanglant qui fait honneur au pur Pagan quand celui-ci ne confondait pas encore violence et musique de carnaval. Les titres y sont souvent longs (« Herbst » avoisine presque même les dix minutes) mais ne perdent jamais de vue leur but : montrer les crocs et guerroyer férocement. Bon, Helfahrt, s’il remplit aisément son cahier des charges, peine encore à marquer les esprits ; il lui manque cette pointe d’originalité qui fait la différence et sans laquelle, pour le moment, il n’est qu’un groupe de plus officiant dans un style désormais embouteillé comme le périph parisien un vendredi soir. Mais Wiedergang démontre de vraies qualités d’écriture et l’on suivra dorénavant cette escadre prometteuse avec intérêt. (24/10/08) ⍖⍖
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