7 septembre 2022

KröniK | Bornholm - Apotheosis (2021)




Nous avons découvert Bornholm il y a presque vingt ans déjà lorsque le modeste Melancholia Records, écurie française qui semble avoir aujourd'hui disparu des écrans-radars, publiait ... On The Way On The Hunting Moon, tertre d'un black metal épique et forestier taillé dans le bois de l'Europe de l'Est. Depuis, les Hongrois ont poursuivi leur chemin sans toutefois réussir à graver leur nom au sommet du genre, éternel groupe de seconde division à l'habileté néanmoins inversement proportionnelle à sa (trop) discrète renommée. Le fait qu'il n'ait rien enfanté depuis six ans et Primaeval Pantheons et qu'il n'ait jamais pu bénéficier de l'appui durable d'un label dont il n'a cessé de changer au gré d'une carrière sinueuse peut également expliquer pourquoi Bornholm demeure encore trop méconnu. L'alliance scellée avec le puissant Napalm Records devrait enfin lui attirer l'exposition qu'il mérite. Et ce d'autant plus qu'il récidive avec une cinquième épopée dont on peut annoncer de suite qu'elle ne souffre d'aucune véritable maladresse. Ce qui n'en fait cependant pas une création infaillible. Explications. Le trio a particulièrement soigné son retour. Pochette superbe, fuselage sonore enveloppant et exécution imparable au service d'une écriture ciselée nourrissent un ouvrage soigné. 

Héraut d'un black brillant d'une emphase païenne, Bornholm galope durant près d'une heure sur une terre ensanglantée que les ténèbres du passé assombrissent. Bien que les éléments se déchaînent, témoin ce 'Thy Darkened Grove' emporté par des blasts furieux, les mélodies ne sont jamais sacrifiées sur l'autel d'une violence enflammée. Toujours, les guitares tissent une toile lumineuse... au risque parfois de sombrer dans un sirop presque dansant ('To The Fallen'). La noirceur en jachère, Apotheosis décevra peut-être ceux qui espéraient biner en lui des ambiances négatives. L'origine géographique de ses auteurs ne doit donc pas vous tromper, le groupe ne noue aucun lien ni avec l'école polonaise (Graveland, Mgla) ou ukrainienne (Hate Forest, Drudkh). Ni abrasif ni sinistre, l'art noir qu'ils sculptent puise son essence dans une source plus majestueuse que brutale héritée des années 90. Les chœurs enivrants et le chant de Sahsnot, assez peu original par ailleurs, inscrivent cet opus dans cette tradition valeureuse et guerrière sans l'être de trop. 'My Evangelium' et 'Sky Serpents', qui lancent l'écoute, affichent les traits les plus aboutis du groupe et il paraît difficile de leur résister. Confectionné dans ce même tonneau mélodique et torrentueux, le reste s'apprécie avec une aisance égale mais s'essouffle néanmoins quelque peu en fin de parcours. Techniquement très bien fait et tout du long agréable à écouter, Apotheosis séduira autant ceux qui restent sensibles à ce black metal chargé en mélodies épiques qu'il échaudera les tamiseurs d'une obscurité plus grave et dramatique. Sans incarner l'apothéose des Hongrois, cette offrande demeure un bon cru qui devrait rabattre vers Bornholm un auditoire plus large. (26.12.2021 | MW) ⍖⍖

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