Il existe bien une magie (noire, évidemment) dans le black metal le plus rustre et ferrugineux. Prise de son cradingue, tempos aussi lancinants que répétitifs, hurlements de gargouilles en rut et visuels sinistres participent toujours d'une atmosphère fascinante. Et ce n'est pas Winterstorm qui fera mentir cet aveu. Tout chez lui transpire cet art noir underground à l'extrême qui confine à une forme de culte obscur. Son origine géographique, l'Equateur, promesse de sonorités morbides et cryptiques, son appartenance au Pure Raw Underground Black Metal Plague Circle dont le nom seul brandit déjà l'étendard de l'authenticité la plus evil et survoltée, le fait que ses trois membres soient eux mêmes issus de ce cercle ténébreux (Wampyric Rites, 13th Temple, Ründgard...) sont autant d'indices révélant la moelle abrasive et encrassée de cette entité qui, pour toutes les raisons évoquées, jouit déjà une aura culte. Après deux démos (Vmbra Mors et Demo II MMXX), suivies de près par une alliance avec Wampyric Rites (encore), Satanic Court et Demonic War (Night Of Consecration), Winterstorm accouche de son premier méfait.
Originellement éditée par Mahamvantara Arts dans un format tape qui sied parfaitement à son lustre macabre, la bestiole impie bénéficie aujourd'hui d'une exposition élargie grâce à Signal Rex qui la publie en version digitale et CD. Ce qui a quand même moins de gueule mais nous permet de la découvrir, sans quoi nous serions sans doute passés à côté de sa malfaisance méphitique. Vinterstormener est conforme à ce que nous attendions à butiner en lui, hostie au son abominable qui racle la chair d'un black metal cru et malsain dont le rythme ne file jamais droit. Le chant (?) est inaudible, guitare et basse ressemblent à une bouillie affreuse et la batterie branle de manière déglinguée tandis que ces cinq complaintes (qu'encadrent intro et outro) paraissent toutes taillées dans le même bois. Au point de les confondre les unes avec les autres, ce qui contribue aussi à leur conférer cette allure de transe hypnotique et polluée. Englués dans les ténèbres, 'Into The Deep Darkness' ou 'Through The Astral Mist' ont quelque chose de ruminations glaciales et forestières comme échappées du fond des âges. Il existe donc bel et bien une magie (noire) dans cet album qui inocule peu à peu son venin morbide. Entre dungeon synth pour les deux bornes instrumentales et le black metal vampirique, Vinterstormener exhale la froide et funéraire beauté de nuits hivernales qui vous engourdissent avant de vous plonger dans un abîme de décrépitude. (18.12.2021 | LHN) ⍖⍖⍖
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