11 août 2022

KröniK | Idolos - Náa (2021)




Idolos vient de la planète Vénus et les deux créatures qui se planquent derrière affirment être des descendants des Atlantes. Mais oui. Sont-ils belliqueux ? Non car à la manière de leurs cousins peuplant des films de SF des années 50, ils portent un message de paix. A nous, pauvres humains, de le cueillir. Pourtant, cette hydre à deux têtes dont nous peinons à discerner les traits et l'identité, ne rigolent pas vraiment. Idolos a peut-être l'air d'une farce mais les ondes qu'il répand ne sont pas de maigres et maladroits signaux venus du fin fond du cosmos, transmission irradiant au contraire un éclat très net, chargée d'une foisonnante richesse. Ce n'est toutefois pas la première fois que NnK et MgRcH visitent la planète bleue puisque Ahi Cab inaugurait il y a bientôt deux ans leur contact avec les habitants de la terre. Avec certains d'entre eux du moins. Une poignée d'initiés et de curieux comprenant le langage utilisé par les Vénusiens. Ce dialecte se nourrit du black metal auquel les origines extra-terrestres de nos deux messagers commandent une dimension forcément spatiale. Mais Náa les voit approfondir leur discours, le peaufiner, pour le rendre plus fascinant encore. Plus envoûtant aussi. Difficile du coup de ne pas se laisser transporter par cette étrange partition. 

Bien que d'une durée toujours (trop) courte, ce second EP n'a pourtant pas besoin de plus pour emporter l'adhésion tant il souligne les immenses progrès réalisés par les deux aliens, lesquels se font les narrateurs d'un récit conceptuel, presque mystique. Plusieurs personnages interviennent tout du long en un dialogue cabalistique. Musicalement, Idolos appuie sur ses atours les plus cosmiques. Et donc les plus progressifs, naviguant aux confins d'un krautrock obscur et charbonneux ('The Tricks Of Lady Blood'). Au chant hurlé, parfois rejoint par une narration emphatique ('The Descent') se greffent batterie programmée, nappes électroniques et mélodies obsédantes avalées par un trou noir. Náa emprunte autant au black metal  atmosphérique qu'à un lointain death doom aux accents hantés ('The Miracle Of Maize'). L'ambiance se fait entêtante, fantomatique, servie par deux protagonistes dont le manque de sérieux ne les exonère certainement  pas d'une science aiguisée du canevas tentaculaire couplée à une grandiloquence stellaire. Il en résulte un opuscule captivant dont les belles qualités d'écriture et d'atmosphères affirment l'univers de ses créateurs, délirant dans le fond, évolutif dans la forme, grouillant de mille lueurs comme un quasar mystérieux. Il faut donc à tout prix découvrir Idolos dont le message ésotérique se suce comme une hostie venue des entrailles du cosmos... (06.12.2021 | LHN) ⍖⍖

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