21 août 2022

KröniK | Foscor - The Smile Of The Sad Ones (2007)




En catalan, Foscor veut dire ténèbres. C’est aussi le nom d’un petit groupe de black metal ibérique naviguant dans les eaux païennes et tumultueuses et que nous avions découvert en 2004 par l’entremise d’un premier essai convaincant, Entrance To The Shadows’ Village. Mais, la faute à la disparition de son label – Sacral –, sympathique mais modeste à l’image de leurs potes d’Adipocere Records, le groupe semblait depuis avoir plus ou moins disparu. Il serait exagéré d’affirmer que nous aurions versé une larme si nous avions appris sa mort, c’est néanmoins avec plaisir que nous appréhendons (enfin) sa seconde offrande. Ces années passées dans l’ombre, à repartir quasiment de zéro avec une station par la case démo, n’ont pas été vaines : Foscor en sort grandi car son style a mûri dans un fût de chêne. Il est aujourd’hui à point pour être consommé. En effet, les progrès réalisés, aussi bien terme de composition que d’interprétation, entre les deux albums, se révèlent impressionnants. Mieux écrites et structurées, ces émanations noires, oscillant entre le chant en anglais ou en espagnol, sont le réceptacle d’un black metal pagan et mélodique constamment écrasé par une chape ténébreuse d’une densité extrême, un peu à l’instar des Portugais de Moonspell ou d’Ava Inferi. 

Une espèce de noirceur granuleuse et paradoxalement ensoleillée, ce qu’explique un cadre géographique écartelé entre l’ombre et la lumière. S’il aime bien passer la quatrième (« Gebre ») sans pour autant risquer de battre les Suédois en terme de vitesse façon Lapin Duracel, le groupe sait aussi ouvrir des espaces atmosphériques chargés d’une beauté sinistre, comme durant la dernière partie contemplative et mortifère du long « El Palau Dels Plors ». Les Catalans déversent avec largesse des riffs obsédants dont la répétition envoûte autant qu’elle engourdit. Le superbe « L’ombra de l’addicio » ou bien encore le vertigineux « I Torna De Les Cendres » l’illustrent bien. Foscor a participé au tribute à Katatonia et on comprend pourquoi. De même, sans s’abîmer dans les marécages d’une dépression  absolue comme peuvent le faire les chantres du black /doom, The Smile Of The Sad Ones se drape aussi parfois d’un voile mélancolique profond qui lui sied d’ailleurs plutôt bien, comme lors de « Narrow Is The Path To Darkness », plainte douloureuse qui achève l’album sur une note lourde de tristesse. Un bon album de pagan black metal donc, âpre, sombre, cryptique et dont espère qu’il offrira au groupe le succès sinon la reconnaissance qu’il mérite. (03.09.2008) ⍖⍖

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