La faute à un label – Karmageddon – qui a depuis mis la clé sous la porte, Ours Is The Kingdom, son précédent voyage, n’a pas eu autant d’impact que sa qualité le laissait présager. Quatre années de silence ou presque ont été nécessaires à Forefather, l’un des viking les plus valeureux que compte la Perfide Albion pour se reconstruire. Et c’est avec une discrétion aussi regrettable que certaine que le drakkar est à nouveau de sortie aujourd’hui avec Steadfast qu’il ne faudrait pas condamner à cause d’une pochette du pauvre nantie de chevaliers à peine digne d’un Hammerfall. Regrettable car son black pagan rapide et mélodique, parfois teinté de couleurs folkloriques (« Miri It Is »), aussi facile à s’envoyer derrière la cravate qu’une bonne chope de bière et toujours irrigué par des influences très NWOBHM (ils ne sont pas anglais pour rien) n’a pas perdu en pouvoir de séduction. Sans doute moins épique qu’autrefois, moins sombre également, Forefather possède cette capacité rare et intacte à composer de vraies chansons, ni trop courtes ni trop longues. Toutes sont efficaces, guidées par un chant râpeux et des riffs biberonnés au heavy metal (« Hallowed Halls »). L’excellent titre éponyme a même quelque chose d’un Iron Maiden se prenant pour un Viking, une corne d’hydromel à la main, une épée dans l’autre.
Comment résister au grandiose « Theodish Belief », drainé par des lignes de guitares obsédantes qui vous attrapent dès les premières mesures et que rehaussent quelques chœurs majestueux qui font souffler le vent des temps anciens ou au véloce « Fire From The Sky », propice au headbanging sauvage. Le cul entre deux boucliers, le duo composé des frères d’armes, Wulfstan et Athelstan, peut paraître trop mélodique (ce qu’il est d’ailleurs de plus en plus) pour les gueules de carnaval grimées à la truelle au fond d’une forêt à champignons et trop violent pour les amateurs de heavy épique à la Manilla Road par exemple. C’est pourtant cette communion qui fait toute la force de Forefather et que glorifie de la plus belle des manières ce Steadfast d’ors et déjà prêt à ravir à ses aînés le trône sur lequel ils siègent, quand bien même il peut paraître décevant de prime abord, notamment en raison d’attaques à la six-cordes qui ont un air prononcé de déjà vu. Mais le black n’est pas forcément une question d’originalité à tout prix et, les écoutes aidant, on finit par être conquis par ces morceaux de bravoure, tour à tour rageurs et rapides (« Three Great Ships » qui avance pied au plancher avant d’ouvrir à coup de riffs grésillants un espace nautique plein de beauté ), tout en progression (l’instrumental « Eostre ») ou plus mid-tempo (« Mellowing Of The Mains », seul épopée réellement épique au programme). Encore un très grand cru de la part de Forefather, groupe dont on aimerait qu’il récolte plus de succès et de reconnaissance qu’il n’en jouit actuellement. Il le mérite… (2008) ⍖⍖⍖
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