25 août 2022

KröniK | Contemplation - S/T (2021)




Contemplation scelle le retour de Matthieu Ducheine après une vingtaine d'années de disette métallique. Ce nom ne vous évoquera peut-être rien mais l'homme accoucha en 1999 de la démo éponyme de Obscura Symphonia dont il s'agit de l'unique trace de vie. Braconnant sur les terres du black symphonique, ce projet éphémère illustrait le charme et la verve imaginative de ces petits one man bands grouillant alors dans l'underground hexagonal. Depuis, le musicien errait du côté de l'electro ambient dub avec Chrono.Fiction. Nombreux sont donc ceux qui l'avaient oublié ou qui ignoraient même son existence. Sa réapparition dans les contrées qui nous sont si chères n'était de fait guère attendue et Contemplation, porteur d'aucune espérance particulière. La belle surprise n'en est ainsi que plus grande. Car, osons l'affirmer de suite, ce galop d'essai sous cette nouvelle bannière brillent de mille lueurs qui font de lui un album tout simplement indispensable. Fidèle à un format solitaire, Matthieu Ducheine se charge de tout, de l'écriture à l'exécution en passant par la fabrication. Seuls l'artwork (magnifique par ailleurs) et le saxophone sur 'Vicious Circle' lui échappent. Cette démarche artisanale pourrait se solder par une relative faiblesse sonore et artistique mais il n'en est rien, bien au contraire. Mieux, outre le fait qu'elle entretient ce charme unique n'appartenant qu'à ce type de création autarcique, cette dimension recluse ne dispense absolument pas cet album d'une foisonnante richesse d'inspiration. 


Stylistiquement, celui-ci brasse de multiples influences. A commencer par le doom death des années 90 que nourrissent autant la prédominance d'un tempo piégé par une lenteur dramatique que ces lignes de violon évoquant le spectre du My Dying Bride de jadis ('Gaïa Under Attack'). Mais l'usage, noble et magnifique, de cet instrument pigmente aussi l'opus d'une touche folklorique aussi mélancolique qu'enchanteresse, à l'image de 'Vital Forces' dont les huit minutes galopent néanmoins à travers une variété de paysages. Ce qui nous empêchent de cloitrer Contemplation à l'intérieur d'une seule chapelle. Il reste quelque chose du passé black metal du maître des lieux dans ces éruptions torrentielles ('The Contemplators') tandis que la toile d'airain que tisse la guitare affirme une sophistication presque progressive ('The Road That Leads Nowhere'). Le chant tour à tour caverneux ou plus écorché ajoute à cette admirable confusion des genres qui participe de cette déambulation à la fois onirique et astrale offerte par un menu bourgeonnant de toute part. Vous l'aurez compris, ce premier album impressionne par sa richesse et la myriade de nuances dont il se pare, dressant un dôme vertigineux nimbé d'un clair-obscur triste et rêveur. En souhaitant que la belle réussite de Contemplation incite son géniteur à persévérer dans cette voie afin de ne pas le condamner à un projet orphelin... (19.12.2021 | LHN) ⍖⍖⍖

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