Interview | Hellrock

Artisan français d'un bon vieux heavy metal typé années 80 sans être passéiste, Hellrock vient de tirer sa première cartouche. A découvrir d'urgence si cela n'est pas déjà fait !  This Is Metal nous a donné envie d'en savoir un peu plus sur cette formation toulousaine. Rémi Bonin, l'un de ses guitaristes, a eu la gentillesse de répondre à nos questions. 

1.Pouvez-vous revenir sur la formation du groupe ? Comment est-il né ? 

Tout d’abord, merci de t’intéresser à HELLROCK et de nous accorder cette ITW !  En 2012, Jane Dark cherchait son nouveau bassiste et un ami m’a présenté Pascal qui postulait. J’ai réalisé que Pascal avait de nombreuses cordes à son arc et nous avons commencé à travailler ensemble. Nos chanteur et batteur étant sur le départ, Jane Dark perdait de son âme et Pascal et moi avons prit la décision de créer un nouveau projet qui nous ressemblerait plus, moins thrash et plus heavy mélodique... 

2.Cela fait pas loin d'une dizaine d'années que Hellrock existe mais ce n'est qu'aujourd'hui que vous présentez votre premier album. Pourquoi un tel délai ?

Avec Jane Dark le travail se voulait « à l’ancienne », j’avais retapé un local et on se retrouvait toutes les semaines pour jouer, composer ...ensuite nous avons produit une maquette par nous mêmes et grâce à des amis qui nous ont aidés sur l’aspect enregistrement et mixage. Ce processus a été long et je n’étais pas vraiment satisfait du résultat. D’ailleurs la maquette n’a jamais été éditée... J’ai donc décidé de ne pas reproduire ce schéma et après une formation protools, j’ai investit dans du matos de studio. Je savais que le processus serait très long mais j’avais la certitude que le résultat en valait la peine ! Pascal et moi avons donc tout enregistrés et commencer à chercher un chanteur... Nous avons travaillés avec deux chanteurs successifs qui ont jeté l’éponge au fil du temps par faute...de temps ! (rires) nous faisant perdre deux ans au passage ! J’ai donc décidé d’élargir le champ de recherche et de travailler à distance si besoin. J’ai contacté Patrick Van Maurik au pays-bas puis Paul Eysette à Saint Etienne (c’est en France je crois mais tous les gps ne trouvent pas, mouhahha !)...

Ils ont tous deux réalisés un boulot incroyable, au fil du temps et à leur rythme. Ensuite, j’ai écrits et enregistrés les solos puis je me suis enfermés dans mon studio  pour le mix et les arrangements. C’est très long, je confirme ! mouhahaha

3.Vous pratiquez un heavy metal dans la belle tradition du genre et des années 80. N'est-il pas un peu casse-gueule commercialement de pratiquer en 2021 une musique que d'aucuns jugeront datée ?

On ne se pose pas la question. Nous sommes des amateurs passionnés et nous vivons notre passion sans réfléchir ! Tu as certainement raison mais on s’en branle grave...Peut être que l’on réfléchirait differemment si nous vivions de notre musique mais ce n’est pas le cas et çà nous permet d'aller là ou nous voulons !

4.Que représente pour vous cette époque, les années 80 ? La liberté ? L'authenticité ? Une forme de simplicité peut-être ?

Les trois !!! Tout est dit dans ton excellente  question ! Nous vivons une époque anxiogène désormais ou tout doit être sous contrôle, c’est ..... Les années 80 étaient tellement plus simples et elles ont accouchées de tellement de groupes incroyables, franchement, il ne s’est pas passé grand chose depuis...

5.Puisqu'on parle de cette époque, pensez-vous qu'il est plus facile aujourd'hui que dans les années 80, de s'investir dans un groupe, d'enregistrer des disques et de tourner ?

Encore une bonne question ! Oui et non... , c’est plus facile  d’enregistrer puisque la technologie permet à tout le monde de le faire désormais, je suis un représentant de ce DIY. Pour autant, le temps d’investissement est tout simplement monstrueux et avec nos modes de vie actuels, çà peux être très compliqué. Schématiquement, dans les années 80, la technologie appartenait aux studios, tu payais pour enregistrer et tu attendais le résultat. Ton énergie se centrait sur la compo et les concerts. Aujourd’hui, tu passes un temps de dingue en studio et sur les réseaux sociaux, plateformes ou forums pour faire ta promo...Si ce n’est d’avoir les moyens de tout déléguer à des pros, ce n’est pas dans notre budget ! mouhhaha Seuls les concerts doivent pouvoir rapporter un peu d’argent pour se dire qu’on pourra payer quelqu’un à l’avenir pour se charger de toutes ces tâches de promo chronophages, mais pour les concerts, la période n’est pas vraiment géniale...

6.Bien que français, vous avez pourtant opté pour un chant majoritairement en anglais. Pourquoi ce choix ? Pensez-vous que l'anglais convient tout simplement mieux ?

Oui clairement ! Pour nous, il n’y a pas de débat. L’anglais sonne vraiment mieux pour le rock , c’est ainsi...

7.Peut-être vous sentez-vous plus proches des Maiden, Priest et autre Saxon que de Trust, ADX ou Blasphème ?

Absolument et tu peux ajouter Dio et Accept. J’ai le plus grand respect pour tous ces groupes français et je suis un vieux fan de Sortilège, High Power, H-Bomb, Killers, Titan et bien d’autres, j’ai même été roadie pour Anyway...Pour autant, je reste un inconditionnel du chant en anglais !  C’est immuable...

8.Il arrive que les groupes français de heavy pêchent par une production mollassonne et/ou un anglais maladroit. Ce n'est pas votre cas... Avez-vous accordé une importance particulière à ces deux points ?

Bien sûr ! tu as vu juste ! C’est deux points fondamentaux pour être à minima crédible à mon sens. Le chant reste la pièce maitresse de notre art, il doit être impeccable et idem pour le mix et la production qui doivent donner envie à l’auditeur de rester et  poursuivre l’ audition. Je te dirai bien qu’un bon chant et une bonne prod constituent une bonne carte de visite ! Bon, dit comme cela, ca peux paraître facile mais...ce n’est pas toujours le cas ! 

9.Peut-on voir le titre de l'album comme une sorte de déclaration, comme une profession de foi ?

Les deux mon capitaine ! Ce titre s’est imposé à nous naturellement et au fil du temps. Notre premier chanteur l’avait trouvé et avait couché des textes dessus, Paul a conservé le titre et quelques lignes également. Preuve que l’inspiration de Jean était la bonne... Ce titre nous est cher car c’est le premier morceau écrit et enregistré et je m’en suis servi de base pour le mix également. Qu’il devienne le titre de l’album nous a parut comme évident, sans réfléchir...

10.Tous les titres sont des hymnes en puissance. Directs et instantanés, old school sans être passéistes, ils semblent néanmoins être le fruit d'un long processus d'écriture et d'arrangement. Qu'en est-il ? 

Oui, notre processus a été assez long car murement réfléchi. Nous voulions que cet album incarne notre héritage musical qui s’appuie sur pas mal de groupes et  tout en évitant le plagiat. Je ne sais pas combien de fois nous avons retravaillés des parties mais ça doit frôler la folie ! A notre modeste niveau, nous sommes des besogneux et des perfectionnistes. Mais surtout, nous ne voulions pas avoir de regrets et prendre le temps de faire les choses comme nous le souhaitions !

11.L'album est plutôt batailleur mais ne rate pas les moments plus posés et émotionnels (citons 'Outlaw' ou Heartbeat Away). Un peu comme chez Scorpions, Whitesnake voir le Gary Moore des années 80. Ces groupes comptent-ils parmi vos références ?

Oui, bien sûr ! Ce sont trois mastodontes qui ont marqué notre époque et nos esprits! En ce qui concerne Hellrock, l’histoire de ces deux titres est liée à Patrik Van Maurik qui a réalisé un travail incroyable en maquettant tous les titres que nous lui avons envoyés. Paul avait moins de temps à consacré et s’est focalisé sur les titres heavy. Bon, il faut dire que nous avions plus de 20 titres et dans le lot, il y a plusieurs morceaux orientés hard-rock mais aussi power ballad. Quand nous avons reçu Heartbeat away et Outlaw de la part de Patrick, çà a été le choc ! Pas question que ces deux titres ne figurent pas sur l’album !

12.A ce titre, quels doivent être, pour vous, les ingrédients d'un album réussi ?

Tu sais, le format type d’un bon album se retrouve chez bon nombre de grands groupes qui alternent entre puissance  et mélodies mais aussi calme et tempête... C’est un concept vieux comme le monde mais tellement bon ! Une course effrénée sans fin peut vite lasser, par contre, des temps calmes permettent de souffler un peu et de repartir de plus belle, c’est le cas pour la scène aussi !Et puis, en tant que fan de Rainbow, je ne conçois un album sans mid tempo ou power ballad...

13.This is Metal est édité par le jeune Steel Shark Records. Un mot sur cette association ? Vos routes ne pouvaient que se croiser...

Effectivement ! J’ai fais la connaissance de Raskal en lui commandant son anthologie du metal français ! Peu de temps après, il m’a recontacté pour commander notre album et encore plus tard pour m’annoncer la création de Steel Shark Records et me faire part de son envie de collaborer ensemble, un alignement de planètes en quelques sortes ! Une aubaine pour nous qui ne maitrisons pas cet aspect des choses ! La sortie de notre album sur Steel Shark records nous offre une bien meilleure visibilité à l’international, c’est une évidence et une bénédiction ! 

14.Vidangeant une énergie à revendre, on imagine que la scène est un terrain où vous êtes à l'aise. Etant originaire de l'Ain, je vous verrais bien joué au festival Beast In Bresse, organisé par le chanteur de Messaline, festival dédié au bon vieux hard rock et au true heavy...

La scène ? c’est quoi ce truc ? comme au moyen âge ??? Non, la période est au sheet live en playback ,sans public et dans ton canapé et n’oublie pas ton gel et ton masque surtout ! C’est con parce que Hellrock était prêt à bruler les planches avant ces interdictions de jouer ! Je connais pas le Beast in Bresse mais çà m’a l’air parfait ! 

15.Pour terminer, y-a-t-il une question que vous aimeriez que je vous pose ? 

Allez, j’en profite juste pour dire que la scène francaise bouge bien en ce moment et que bon nombre de groupes méritent que l’on s’intéresse à leur dernier album ( à l’instar de Tentation ou de Quartiers Nord par ex)... Merci pour ton accueil l’ami et keep the holy flame !!!

Interview réalisée pour la Horde Noire le 11 août 2021.