23 août 2022

CinéZone | Michael Winterbottom - 9 Songs (2004)




Michael Winterbottom reste un réalisateur difficile à cerner, dont la filmographie, que parsèment aussi bien un drame romanesque comme Jude (1996) qu'un western comme Rédemption (2000), un biopic tel que A Very Englisman (2013) ou un thriller d'enquête à l'image de L'affaire Jessica Fuller (2014), semble ne suivre aucune ligne directrice. De là une reconnaissance qui n'est pas à la hauteur d'un incontestable talent. Mettant en scène les ébats non simulés de ses deux acteurs, 9 Songs n'étonne donc pas vraiment au sein de cette filmographie plus hétéroclite que bordélique. Evidemment, le film a choqué et soulève une question : où termine le cinéma classique et où commence le X lorsque des comédiens non pornographiques se prêtent à des fellations, cunnilingus et pénétrations ? 

Pour autant, 9 Songs n'est pas vraiment du porno car Winterbottom colle au plus près des corps d'une façon plus sensuelle qu'anatomique. Usant de la DV et d'une lumière naturelle, il filme l'intimité d'un couple éphémère dont la vie est percée par le sexe, la drogue et le rock, avec une épure expérimentale, succession de fragments érotiques que berce une musique souvent déchirante. Mais, poinçonné par des extraits de concerts (d'où son titre) qui lui permettent de franchir de justesse la barre des 60 minutes, 9 Songs parait au final assez vain sinon vide et il n'est pas certain en définitive qu'on retienne autre chose de lui que les vignettes sexuelles qui le (dés)articulent comme les pièces d'un puzzle amoureux et absolu. Le fait que seize ans plus tard, il ait été presque oublié, confirme l'échec (relatif) de Winterbottom et d'un film maladroit mais attachant car visuellement plus élaboré qu'il n'y parait. (vu le 29.09.2021) ⍖⍖


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