Bien qu'il n'ait vu la nuit qu'en 2020, Tattva est déjà parvenu à imprimer son nom dans la chair des misanthropes attirés par les ténèbres de l'art noir hexagonal et qui n'auront donc pas manqué de confondre le EP Leave The Body. Live The Soul., puis le split partagé avec Ashes Of Old, Pure.Hate.Ritual. et plus encore Nirjara, son premier signe de mort longue durée, avec des lames pour se tailler la peau. Créature obscure né dans le cerveau solitaire d'un seul homme, Tattva glorifie une certaine tradition, celle d'un black metal animé par la langue de Molière, suintant une glaciale et morbide poésie et dont les atours aussi squelettiques que sinistres ne le vident jamais de sa moelle mélodique. Cette silhouette recluse n'est pas non plus avare de sa semence lugubre puisque Avanati scelle déjà son retour. Maigre ration de seize minutes environ (pour le format CD ou la version très limitée dans sa box en bois), l'obole incarne moins le véritable successeur de Nirjara que le prélude au deuxième album à venir dont il jette en quelque sorte les bases, nobles et prometteuses. Son architecture originale se compose de trois plaintes que complète une relecture du 'Troops Of Doom' de Sepultura pour la version compact disc et sur laquelle nous reviendrons. C'est peu et néanmoins amplement suffisant pour mesurer, si cela n'est pas déjà fait, la sombre et déchirante inspiration du bonhomme. Ainsi que deux de ses principales qualités : le chant et une écriture aussi hantée qu'obsédante.
D'une expressivité crue et tranchante, le premier est le pinceau effrayant qui sert à tapisser cet univers nocturne qui interroge sur l'expérience de la mort, fouillant les ténèbres comme de macabres viscères. La seconde dicte des lignes mélodiques aux allures de scalpels rouillés meurtrissant la chair dans laquelle ils creusent de profonds stigmates. 'Avanati' et 'Morts' se dressent ainsi dans la nuit comme deux tumulus entêtants et aiguisés tout ensemble, capable autant de répandre une funèbre brume que d'imprimer un tempo implacable. Au terme de ces deux saillies se propage ensuite 'Close To Below', court instrumental dont les nappes ambient loin d'en diluer la noirceur funéraire, participe au contraire de ce voyage à travers les enfers et les sentiments qui l'accompagnent... Après cela, la reprise des Brésiliens tombe comme un cheveux sale dans cette soupe vénéneuse mais nous rappelle que Tattva n'a pas remisé une forme de férocité cryptique et evil alors que par son thème, 'Troops Of Doom' s'insère parfaitement dans le concept de cet opuscule lequel augure d'une prochaine offrande longue durée riche de promesses sépulcrales... (08.11.2021 | LHN) ⍖⍖
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