1 juillet 2022

KröniK | Sleepwalker - Monument From The Void (2021)




Nous avions croisé une première fois la route de Sleepwaker il y a bien longtemps maintenant, en 2016, à l'occasion d'une alliance scellée avec Fen. Et déjà nous nous étions heurtés à un magma hermétique aux confins d'un drone (dark) ambient aussi étrange qu'envoûtant. Les créations qui ont pu suivre n'ont pas frappé à notre porte mais c'est néanmoins avec intérêt que nous ouvrons à nouveau aujourd'hui à Sleepwalker le chemin de nos sens. Premier constat, le projet demeure toujours aussi énigmatique et n'a pas gagné en clarté. Qui sont les musiciens qui l'animent ? Nous l'ignorons encore. Seule son origine géographique, la Russie, est révélée. Cette indication fournit-elle un indice quant à la teneur du matériau tricoté ? Pas vraiment même si les vastes et froides étendues aux relents cosmiques que le groupe (?) arpente s'inscrivent dans les paysages aussi bien visuels que mentaux d'une Russie lointaine et poétique. Second constat, la musique de Sleepwalker conserve une profonde aura de mystère qui la rend à la fois sourde aux déflorations rapides mais toujours fascinante et dotée d'un fort pouvoir d'évocation. Son goût pour les longs développements est intact, de même celui pour les tessitures cotonneuses. Pour autant, en dépit d'un format aride (quatre pistes dont la dernière voisine avec la demi-heure), Monument From The Void s'avère finalement plus accessible que ce que nous connaissions jusque là de ses créateurs. Moins drone et plus post rock, plus dynamique aussi quoique toujours aussi immersif. Qu'il s'agisse du nom du groupe ou de l'album, tout évoque ici l'immensité du cosmos, un monde inaccessible au commun des mortels. 

L'œuvre nous transporte dans un ailleurs teinté d'étrangeté, un inconnu rêvé. Son écoute solitaire invite à la contemplation, presque au recueillement. Toujours instrumental, Sleepwalker tisse une toile éthérée aux allures de kaléidoscope fortement cinématique. Il orchestre une montée en puissance émotionnelle et atmosphérique dont les bases sont jetées par le titre éponyme dont les huit minutes égrènent de manière pointilliste un tapis spectral, trou noir depuis lequel s'évaporent des effluves hantées. Plus court, 'Le cercle rouge' a quelque chose d'une respiration toute aussi minimaliste où se conjuguent notes de guitares osseuses et maillage ambient. Monument From The Void poursuit sa trame curieuse avec 'Dream Cycle', titre le plus post rock du lot, élévation à la fois percussive et mélancolique vers des sphères célestes. Puis survient le gigantesque ( à tous points de vue) 'Neverending Journey Through The Void', plainte qui porte bien son nom, interminable échappée dans le néant. Mais loin d'être un pavé monolithique, ces vingt-huit minutes grouillent de détails, vortex évolutif habité par les vibrations de guitares aux allures de ressac hypnotique auxquelles se joignent peu à peu nappes vaporeuses et batterie tribale en un maelström spatial et introspectif. Monument From The Void n'est pas un album facile à digérer et nombreux sont ceux qui décrocheront très vite mais, entre post rock et space ambient, il offre pourtant un voyage entêtant dans les profondeurs fantomatiques de l'univers qui happe et fascine. (30.10.2021 | LHN) ⍖⍖⍖

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