6 juillet 2022

KröniK | Kadabra - Ultra (2021)




Comme on peut toujours faire confiance au label italien Heavy Psych Sounds, fondé par Gabriele Fiori (Black Rainbows), lorsqu'il tamise la terre goudronneuse du doom et du stoner pour y dénicher des perles du genre, nous ne sommes pas trop inquiets au moment de déflorer Ultra, première offrande de Kadabra dont la classe doublée d'une effrontée maîtrise ne laissent en rien deviner sa jeunesse. Le nom choisi par ces Américains ne manquera pas d'évoquer, à raison, les Allemands de Kadavar, filiation renforcée autant par le format du power trio retenu que par des paroles qui fleurent bon l'occultisme de série B. Pourtant, ce qui frappe avant tout lors de la défloration de ce galop d'essai réside dans le caractère aussi troublant qu'androgyne de lignes vocales qu'on jurerait provenir d'une gorge féminine. Or, il n'en est rien puisque c'est le guitariste Garrett Zanol qui assure le chant. Du coup, la tessiture équivoque de sa voix appelle une autre comparaison, celle de Uncle Acid And The Deadbeats auquel on est bien obligé de penser à l'écoute de Ultra sans que ce parallèle ne se révèle encombrant pour les Ricains qui exposent suffisamment de qualités pour être appréciés pour eux-mêmes. 


Qualités au premier rang desquelles il convient déjà de citer un sens inné de la composition qui fait mouche. Les sept chansons qui remplissent le menu de ce premier album sont toutes de petits joyaux d'écriture comme d'ambiance moelleuse. Les traits sont durs sans l'être trop, le ton soyeux sans être mollasson ('Death'). Ultra divulgue un proto hard rock biberonné aux années 70, que des exhalaisons doom collent toutefois au sol ('Settle Me'). Malgré une entame incarnée par un 'Graveyard' plus direct que ce qui va suivre et un 'Eagle 20'' ivre de guitares fuzzy, l'album s'écoule majoritairement à un rythme nonchalant sans pour autant jamais se départir ni d'une pesanteur velue ('Bean King', ses effluves bluesy, son tempo de bûcheron) ni de coloration psychédélique ('Faded Black'). Recommandé à tous les amoureux de sonorités vintage conjuguées à une sophistication veloutée, Ultra est un album simple et élégant qui diffuse une atmosphère chaleureuse, défendu par une triplette de musiciens au tempérament aussi fougueux que plombé. Sa carrière ainsi lancée sous d'aussi bons auspices, Kadabra s'impose donc comme une formation à suivre de très près dans un créneau hard rock lumineux mâtiné de doom sinistre et de stoner bucolique aux allures d'éternelle source de jouissance. (06.11.2021 | MW) ⍖⍖⍖

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