22 juillet 2022

KröniK | Deber - Aspire To Affliction (2021)




Aspire To Affliction est publié par Personal Records. Cette précision pourrait sembler anecdotique mais fournit déjà pourtant un premier indice quant à la teneur de cette obole puisque ce label encore modeste est dirigé par Jacobo Cordova, musicien passionné et respecté pour ses travaux au sein de Majestic Downfall et Zombiefication. Soucieux de diffuser des groupes et des musiques (forcément) sombres qui lui tiennent à cœur, il garantit aux albums qu'il soumet une expression authentique et sincère, plutôt dépouillée sinon old-school, dans une veine majoritairement doom morbide ou funéraire. Dont acte. Par ailleurs, l'identité de ses auteurs confirme l'approche intègre, presque austère, que développe Aspire To Affliction. Deber réunit ainsi deux Suédois très occupés : DIE (David Eriksson), guitariste d'Anguish et de Ondskapt (depuis peu) ainsi que HCF (Christoffer Frylmark), chanteur de Byron et de Acolytes Of Moros. Les deux se partagent tous les instruments, guitares, basse et claviers pour le premier, chant et batterie pour le second. En outre, ils assurent à l'ensemble une qualité certaine tant dans l'écriture que dans l'exécution. Un dernier indice livre un indice précieux quant à l'essence de cette première hostie, il s'agit de sa pochette sinistre où se découpe une forêt bordant une rivière, promesse de sonorités mélancoliques. De toute façon, un titre tel Aspire To Affliction annonce lui aussi la couleur, funèbre et douloureuse. 

Pour toutes ces raisons, on devine que cette première offrande bâtira sur un socle solide un édifice d'une rudesse minérale, dénué d'artifices autant que de joie et d'espoir. Pour ces deux géniteurs, Deber est le véhicule d'un funeral doom à l'ancienne et typiquement scandinave qu'ils souhaitent sonder avec piété. Fidèles au credo doloriste, ils ne cherchent nullement à rénover le genre auquel ils appliquent une lecture orthodoxe. De fait, par sa pureté, Aspire To Affliction nous replonge il y a une bonne vingtaine d'années en arrière, usant de ces voix aussi âpres que caverneuses et ces claviers fantomatiques au service d'une liturgie mortuaire et immobile qui invite à la contrition, à la désolation. Encadrée par deux court instrumentaux, l'œuvre s'articule autour de trois longues plaintes étirant leurs ramifications sur plus de dix minutes chacune. Elles dressent un bloc monolithique dans la lugubre tradition du genre, vierge de progression, englué dans une inexorabilité que rien ne peut freiner.  Les Suédois ruminent avec une lenteur ascétique regrets et noirceur dans les recoins d'une obscurité qu'aucune lumière ne parvient à percer ni même à réchauffer. Bathyscaphe s'abîmant peu à peu dans les profondeurs d'une fosse suicidaire, Aspire To Affliction est froid et répétitif, hanté par une négativité souterraine et habité par la mort, tertre d'un funeral doom consacré et granitique d'une noble authenticité, peu original mais charriant une sève sentencieuse. (16.11.2021 | LHN) ⍖⍖⍖

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