Le cinéma français des années 80 regorge de petits thrillers souvent un peu oubliés aujourd'hui mais qui surpassent pourtant en jubilation toute la production hexagonale actuelle, ce qui n'est pas bien difficile, reconnaissons-le ! Zone rouge figure parmi ceux-ci. Entre les pesants Au nom de tous les miens (1983) et De guerre lasse (1987), Robert Enrico adapte le roman "Brûlez-les tous" de Georges-Jean Arnaud, auteur prolifique de S.F. ("La compagnie des glaces"), matériau à suspense qu'il filme à l'américaine en suivant l'enquête parallèle d'un homme et d'une femme suite à l'explosion énigmatique d'un petit village de la région lyonnaise (situé en fait au bord du lac Salagou dans l'Hérault !). Rapidement, ils se persuaderont qu'il ne s'agit pas d'un accident mais d'un acte criminel visant à cacher un lourd secret lié à l'eau empoisonnée par une société chimique installée non loin de là. Face à des pouvoirs publics inertes, ils seront traqués, prisonniers d'une toile tentaculaire.
Si les ficelles politico-écologiques sont grossières, Robert Enrico sait rendre ce récit captivant à la manière d'une série B. Des silhouettes étranges armées de lance-flammes et des camions qui franchissent la brume nocturne lui suffisent à distiller un climat inquiétant aux confins du fantastique. Et on est tout heureux de croiser Sabine Azéma à des années-lumière de la chiantise d'Alain Resnais. Elle forme avec Richard Anconina un curieux couple qui fonctionne quand même sur le ressort éprouvé des antagonismes. On identifie à leurs côtés le toujours impeccable Jean Bouise ainsi que Jean Réno et Lionel Astier. Héritier d'une certaine tradition française du thriller paranoïaque (Le silencieux, Un papillon sur l'épaule...), mâtiné d'écologie apocalyptique, Zone rouge offre un spectacle haletant plus ludique que prétentieux. C'est déjà beaucoup et nous rappelle une époque où le cinéma français savait (encore) usiner ce genre de film. (vu le 28.08.2021) ⍖⍖
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