Ancien joueur de football américain, Jesse Hibbs est un réalisateur qui n'a suscité aucun culte ni chapelle. Une contribution au 7ème art aussi maigre (une douzaine de films) que courte (six ans) et un travail essentiellement tourné vers les séries télé (Rawhide, Perry Mason) n'ont pas aidé à le prendre très au sérieux. Mais il fait pourtant partie de ces besogneux sympathiques dont les bobines, à défaut d'être inoubliables, assurent à chaque fois un divertissement sans prétention. Davantage que sa collaboration avec l'inodore Audie Murphy (L'enfer des hommes, L'homme de San Carlos, Joe Butterfly), nous gardons un tendre souvenir du Défilé sauvage (1954) et plus encore de Seul contre tous. A l'instar de nombreuses autres productions Universal des années 50, ce western compose avec le faible budget qui lui est alloué en misant sur un scénario malin et de jubilatoires et charismatiques acteurs. Pour être simple, l'histoire écrite par D.D. Beauchamp (L'homme qui n'a pas d'étoile, Deux rouquines dans la bagarre) et Joseph Hoffman (Duel sans merci) est astucieuse, suivant la mission confiée à un officier cabochard et amateur de tripot et de filles de mauvaise vie, lequel est envoyé dans la ville de Laramie où les travaux du chemin de fer sont stoppés.
Jeff Harder croisera alors une ancienne connaissance, Jim Shanessy, le propriétaire du saloon dont les activités louches attirent sur lui d'évidents soupçons. Malgré leur amitié passée, les deux hommes s'affronteront. De là l'inquiétude des habitants qui pensaient trouver un régiment et récupère un homme seul et dont la proximité avec le malfrat local se révèle plus que douteuse. Pour les incarner, Hibbs a eu la savoureuse idée de réunir John Payne, dont la virilité rugueuse sied à merveille au western (comme au film noir du reste) et Dan Duryea, l'un des bad guys les plus subtils du cinéma américain. Ils se retrouveront d'ailleurs la même année au générique de Quatre étranges cavaliers d'Allan Dwan avec une réussite cependant bien plus franche. N'oublions pas de citer à leurs côtés un Lee Van Cleef en petite frappe sournoise et sensible de la gâchette à laquelle il est alors abonné. Si la bonne tenue de Seul contre tous et le plaisir manifeste qu'il déclenche chez les cinéphiles qui l'auront très probablement défloré dans la regretté et irremplaçable Dernière séance leur doivent beaucoup, ne sous-estimons toutefois pas l'apport de Jesse Hibbs qui emballe notamment avec vigueur l'affrontement final à bord d'une locomotive filant à toute vitesse sur des rails sur lesquels roule dans l'autre sens un train qui menace de la percuter. A sa modeste mesure, Rails Into Laramie est un western plein de charme qui fera les bonheur des amateurs du genre. (vu le 30.08.2021) ⍖⍖⍖
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