26 juillet 2022

CinéZone | Henri Verneuil - Le casse (1971)




Après des débuts placés sous le signe de la comédie ou du drame pour ses amis Fernandel (Le boulanger de Valorgue, Le mouton à cinq pattes) et Jean Gabin (Des gens sans importance, Le président), Henri Verneuil s'impose à partir du milieu des années 60 et du succès de Mélodie en sous-sol (1963) comme un spécialiste de polar et de l'action. Cette route plus nerveuse et spectaculaire le conduit à collaborer sept fois avec Jean-Paul Belmondo. Avec le médiocre Morfalous (1984), Le casse reste le moins abouti d'un ensemble dominé par Peur sur la ville (1975) et Le corps de mon ennemi (1976), qui n'est pas vraiment un film riche en douilles. Quand il réalise Le casse, Verneuil se trouve au faîte de sa gloire internationale, faisant tourner des acteurs du calibre de Charles Bronson (La bataille de San Sebastian), Anthony Quinn (La 25ème heure) ou Yul Brynner et Henry Fonda (Le serpent). Ce n'est pas ce qu'il a fait de mieux. Malgré un Belmondo évidemment très en forme et en plein ascension commerciale, cette adaptation du "Cambrioleur" de David Goodis, dont il trahit la complexité des personnages, contrairement à l'adaptation fidèle de Paul Wendkos en 1957, se solde par un résultat très inégal, composé de longues scènes qui s'additionnent plus qu'elles ne se cimentent les unes aux autres. 

Le film commence très fort par la scène du cambriolage, quasiment vingt minutes silencieuses et d'une précision d'orfèvre. Un grand moment de cinéma. Puis Verneuil embraie avec une célèbre poursuite en voiture à travers les rues d'Athènes, séquence certes ludique mais trop étirée et gratuite, laquelle, nonobstant les prouesses exécutées par Rémi Julienne,  ne semble exister que pour rivaliser avec celle de Bullitt, le mètre-étalon du genre. Ensuite s'installe l'affrontement entre Belmondo et Omar Sharif, qui sacrifie au passage les autres comédiens (Robert Hossein en tête) sans parler de rôles féminins (tenus par Nicole Calfan et Dyan Cannon) réduits au rang d'accessoires. Le repas qu'ils partagent dans un restaurant grec constitue le seul moment savoureux d'une seconde partie qui se traine jusqu'au règlement de compte final dans un silo à grains. S'il n'est pas le grand film attendu, on ne saurait pour autant bouder notre plaisir en regardant Le casse, produit efficace taillé pour sa vedette et symbole du savoir-faire à la française en matière de polar même si, Colombia oblige, il se pare d'une dimension plus internationale et donc moins personnelle. (vu le 08.09.2021) ⍖⍖



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