5 juin 2022

KröniK | Porcupine Tree - Signify (1996)




S'il est vrai que chaque nouvelle offrande réalisée par Porcupine Tree se révèle toujours différente de la précédente, Signify marque néanmoins un vrai tournant dans la carrière des Britanniques. Moins foncièrement progressives, bien que le spectre de Pink Floyd continue de les envelopper, ces douze nouvelles compositions ressemblent davantage à de vrais chansons, bâties sur un format plus rock et une durée plus traditionnelle qu'à de longues et parfois stériles digressions instrumentales. 

Un certain nombre d'entre elles s'apparentent même à des hymnes en puissance, citons par exemple, le morceau éponyme, porté par la guitare gilmourienne de Steven Wilson, le poignant "Sleep Of No Dreaming", "le raffiné "Waiting Phase One" ou bien encore l'imparable "Sever". Cette poignée de titres, agglomérée en début de parcours, illustre bien ce virage plus accessible choisi par le groupe, qui lorgne désormais parfois vers la pop anglaise (à l'image des harmonies vocales). Simples et immédiatement assimilables, ces morceaux restent toutefois de petits bijoux de construction et de progression, et n'ont rien de comparable avec la pauvreté artistique que les ondes répandent aujourd'hui. 

Pour autant, Porcupine Tree ne tourne pas complètement le dos (et ne le fera d'ailleurs jamais totalement) à son passé ; la seconde partie de l'album se veut de fait beaucoup moins commerciale, contribuant à faire de celui-ci, tel  un Janus musical, une œuvre à deux visages. De l'hypnotique et superbe "Waiting Phase Two" aux imposants "Idiot Prayer", "Intermediate Jesus" et le terminal "Dark Matter", qu'illumine un solo aérien de Wilson, Signify a donc encore toute sa place au sein d'une scène progressive à laquelle le maître des lieux ne s'est  pourtant jamais réellement senti rattaché. 

Parfaitement équilibré, le disque confirme en outre que ce qui n'était autrefois que le jouet exclusif du chanteur et guitariste, s'avère bien - ce qui est en fait le cas depuis The Sky Moves Sideways - un véritable groupe à part entière (les musiciens qui l'accompagnent sont loin, très loin, de faire de la figuration) et qui semble avoir enfin trouver son identité. Il définit donc le style qui se verra par la suite affiné par ses deux fabuleux successeurs, Stupid Dreams et Lightbulb Sun. (le 3 février 2007) ⍖⍖⍖

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