Si Downright Malice est un groupe qui n'évoquera sans doute pas grand chose à nombre d'entre vous, cela fait quand même pas loin de vingt-cinq ans qu'il laboure la terre d'un heavy thrash batailleur. Naissance en 1987, une première démo en 1992 (Errare Humanum Est), suivi d'une seconde deux ans plus tard (Criminally Insane) et depuis, quatre albums ont coulé sous les ponts sans inscrire durablement le nom des Français dans l'histoire du genre, hexagonal ou pas. Ces derniers ne sont pourtant pas sans qualités, nous y reviendrons. Mais alors qu'est-ce qui leur a manqué pour s'extraire de l'ornière de la seconde division ? Le soutien d'un label et une trajectoire plus régulière. A leur décharge, mener en France un groupe biberonné au metal traditionnel n'est pas très vendeur, condamnant bien (trop) souvent les musiciens à bétonner des galettes entre boulot et vie de famille.
S'il est somme toute (malheureusement) peu probable que Mechanica Temporis change la donne, ce n'est pas une raison pour bouder notre plaisir face à ce cinquième opus franchement impeccable de bout en bout. Habillé d'une pochette très réussie, l'album ne souffre d'aucune maladresse, tant dans la prise de son, épaisse et énergique, que dans l'exécution, bourrue et acérée, écueil dans lequel tombe parfois des formations française du même acabit. Au contraire donc, Downright Malice dresse une turgescence graisseuse au bout de laquelle est craché un metal lourdement teigneux, sombre parfois mais toujours mélodique. Des growls caverneux colorent l'ensemble d'une teinte dark voire presque black ('Downright Malice', 'Sin Of Pride') sans jamais dénaturer un thrash aux noueux relents heavy ('You Can Prey'). 'Malleus Maleficarum envoie le petit bois, tout comme 'A Kick In The Anthill', 'Parasite' coule dans une brutalité trapue des lignes vocales fédératrices tandis que 'Virtual Reality' se pare d'atours atmosphériques. En injectant une sévère dose de death metal à son thrash des familles, Downright Malice crache une cinquième cartouche aussi agressive que vigoureuse qui a cependant le goût de ne pas jamais sacrifier les mélodies, efficaces et galopantes. Fort de cet effort redoutable, les Français devraient, on le souhaite, se libérer de la confidentialité dans laquelle ils évoluent pour frapper à la porte de tout bon amateur de metal burné et ravageur. (25.10.2021 | LHN) ⍖⍖
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