17 juin 2022

KröniK | Aran Angmar - Black Cosmic Elements (2021)




Montage italo-gréco-néerlandais, Aran Angmar crache en cette année 2021 son premier rot. Et on ne peut qu'être impressionné par le professionnalisme accouplé à une habileté hors pair que "Black Cosmic Elements" affiche effrontément, galop d'essai que ne grève aucune véritable faiblesse. Cette maîtrise déjà affirmée ne surprend en réalité pas tant que cela, justifiée par des musiciens plus chevronnés que puceaux. Qu'il s'agisse des Hollandais Lord Abagor (Saille) et Michiel van der Plicht, qui cogne actuellement ses fûts chez Pestilence et autrefois God Dethroned et beaucoup d'autres, de l'Italien Vinterskog (Darkend) et du Grec Maahes (au pedigree plus obscur), nous avons affaire là à de solides gaillards pour qui le black metal ne revêt plus aucun secret. Cette expérience commande un méfait techniquement impeccable et d'une noirceur teigneuse. Le groupe ne cherche ni à réinventer le genre ni à l'abîmer dans de labyrinthiques tréfonds. La durée de Black Cosmic Elements - 31 petites minutes au compteur - annonce de toute façon un prêche aussi rapide que fielleux. Il est vrai que ça blaste parfois sévère ('Serpents Of The Black Sun') et qu'une épaisse nuit noire suinte d'une écoute placée sous le signe d'un art noir orthodoxe mais intense et toujours glacial. Qui ne néglige pas davantage les mélodies, à l'image de l'instrumental 'Portals Of The Universe' du plus bel effet, ni les tempos reptiliens qui ont clairement la préférence de Aran Angmar, qui finalement ne tabasse pas autant que prévu. 

Certains pourraient regretter cette propension à ramper à travers de lourds et vicieux boyaux mais outre le fait qu'elle ne vide en rien l'album de sa sève négative, cette appétence pour les émanations sournoises mêlées à des morsures venimeuses distribue de puissantes saillies dans l'intimité tranchante desquelles infuse un venin pollué ('Sovereign'). Pourtant s'il ne saurait être critiqué tant dans le fond que dans la forme, Black Cosmic Elements échoue à s'incruster dans la mémoire. Il lacère bel et bien la peau mais les cicatrices se referment (trop) vite. Et au bout du compte s'impose l'image d'une offrande efficace mais dénuée de cette magie (noire) qui l'arracherait au tout venant. S'il ne fait nul doute qu'il trouvera son public, Black Cosmic Elements laisse en définitive un sentiment mitigé, délivrant un black metal carré et riche en atmosphères mais dont on ne retire pas grand-chose ni l'envie d'en multiplier les va-et-vient dans son âtre froid et ténébreux. Aran Angmar n'en réalise pas moins une entrée redoutable au sein de la chapelle noire... (23.10.2021 | MW) ⍖⍖

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