Si William Wyler commence réellement à réaliser de grands films à partir de la seconde moitié des années 30 et des œuvres telles que Le vandale (1936), dont il partage la paternité avec Howard Hawks, Rue sans issue (1937) ou L'insoumise (1938), il entame pourtant sa carrière dès le milieu des années 20 en tournant de nombreux courts-métrages avant de passer aux longs en 1927 avec The Border Cavalier. Mis en boîte pour la Universal quatre ans plus tard, Orages lui permet d'apprivoiser le parlant.
Eu égard à son âge vénérable et à ce format sonore alors balbutiant, nous redoutions d'y piocher un mélodrame vieilli. Etonnamment, il n'en est rien, même si le film porte évidemment le poids du temps. Mais, du haut de ses quatre-vingt dix ans au compteur, sa force n'en demeure encore pas moins réelle. Ce qu'il doit, il est vrai, avant tout à la performance puissante de Walter Huston qui, rappelons-le, ne fut pas que le père du réalisateur du Faucon maltais mais un des grands comédiens américains des années 30. Les dialogues de son fils entre les dents, il compose un pécheur brutal et ombrageux qui affronte son rejeton qu'il considère comme une mauviette et dont la femme qu'il a rencontrée par correspondance pour l'épouser est fatalement tombée amoureuse.
Le regard sombre, Huston est écrasant. Sa mort expiatoire n'en fournit pas moins un moment très émouvant, sobre et dénué de tout pathos. Lors de cette séquence de tempête, Wyler fait déjà montre d'une admirable habileté technique. Loin d'être statique, sa mise en scène surprend (pour l'époque) par son caractère dynamique, comme l'illustre cette façon de faire entrer des personnages dans le cadre, notamment. Il y démontre également son inclination pour une dramaturgie impétueuse. Comme jadis sa mère, Matt Law est non seulement prisonnier de cette rude île de pécheur mais aussi de son père tandis que Ruth se sent vite enfermée à son tour dans cette vie pesante que Seth Law lui impose. Seule la mort sacrificielle de ce dernier les délivrera... (vu le 04.08.2021) ⍖⍖
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