7 juin 2022

CinéZone | Marc Simenon - Par le sang des autres (1974)




La participation de Bernard Blier, Claude Piéplu ou de Francis Blanche ne doivent pas vous égarer, Par le sang des autres n'est pas une comédie, même si l'humour n'en est pas absent, Robert Castel et son irrésistible logorrhée de Juif d'Afrique du Nord oblige. Est-ce un polar ? Un drame ? C'est ce que suggère son titre. Dans tous les cas, il s'agit d'un film étrange. 

De part son sujet qui voit un jeune détraqué prendre en otages une mère et sa fille et demander comme rançon non pas des sous mais la plus belle fille du village ! Cela pourrait être le point de départ d'un récit grotesque mais il débouchera sur la violence et nul ne s'en remettra. Autour de la bâtisse isolée où le déséquilibré retient ses prisonnières, les autorités et notables du patelin s'affairent pour lui régler son compte. Cette intrigue servira de catalyseur, révélant la nature profonde et peu reluisante de ces divers protagonistes. 

Chacun représente l'Etat qu'il s'agisse du flic (Georges Géret), du maire (Bernard Blier) ou du préfet (Claude Piéplu) et se révèlent dans leur lâcheté et leur  comportement dégueulasse (les deux derniers surtout) qui se moquent bien du sort des otages et pour qui la vie d'une putain (Mylène Demongeot) ou de la fille d'un travailleur italien auquel on promet la naturalisation en échange de sa progéniture proposée comme appât, ne comptent guère. Etonnament, l'Eglise échappe à la sulfateuse en la personne de Charles Vanel, curé certes porté sur la bouteille mais qui ne manquera pas de cracher au visage de ces gens importants leurs quatre vérités. 

Curieux, Par le sang des autres l'est aussi en faisant  du psychopathe moins un fou furieux qu'un jeune homme brisé, trompé par les femmes. Et c'est finalement moins une amante qu'il cherche à travers la plus belle femme du village que la figure de la mère et de la pureté. Seule la mort peut conclure une histoire dont la noirceur mélancolique surprend de la part de Marc Simenon, fils du grand Georges, dont nous n'attendions qu'un petit film mineur sauvé par une poignée de comédiens toujours savoureux qui incarnent le charme du cinéma français des années 60 et 70 et non pas ce poème désespéré qui aurait néanmoins mérité un traitement plus ambitieux... (vu le 06.08.2021) ⍖⍖



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