Hollywood raffole depuis toujours de ces histoires d'amitié brisée par l'arrivisme et l'ambition féroce sur fond de politique américaine. True Colors présentait de nombreux atouts, à commencer par ses deux principaux acteurs (sur lesquels nous reviendrons) mais il échoue pourtant à captiver. Tim et Peter sont deux brillants étudiants, le premier est issu d'un milieu aisé, l'autre pas. Ils deviennent amis mais leur complicité sera fracturée par la soif de pouvoir du second, prêt à tout pour réussir en politique, même - et surtout - en magouillant. Histoire classique donc que seule l'origine sociale modeste du mauvais garçon rend quelque peu original car d'habitude Hollywood choisit plutôt le camp du pauvre que celui du fils de bonne famille.
Mais la faiblesse de True Colors réside moins dans ce canevas somme toute éculé que dans les invraisemblances nichées dans cette amitié dont on comprend mal comment elle peut durer aussi longtemps. La personnalité profondément négative de Peter ne fait dès le départ aucun doute et ne peut tromper personne cependant qu'il n'hésite pas à piquer la copine d'un Tim qui apparaît franchement benêt. Habillé d'une esthétique qui n'a pas échappé (déjà !) aux affres du temps, renforcé par la bande-son sirupeuse de Trevor Jones, Le jeu du pouvoir ne doit en définitive son salut qu'à son interprétation. Outre le fait qu'il donne à voir sur grand écran Richard Widmark pour la dernière fois, il embarque deux des plus talentueux comédiens de leur génération, James Spader et John Cusack, le premier encore auréolé du succès de Sexe, mensonges et vidéo de Steven Soderbergh, le second confirmant dans le sillage des Arnaqueurs de Stephen Frears une présence singulière qui joue d'une banalité ombrageuse. (vu le 15.08.2021) ⍖⍖
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