16 juin 2022

CinéZone | Denys de la Patellière - Le tueur (1972)




On imagine mal un film réunissant Jean Gabin et Fabio Testi. C'est pourtant cette affiche que propose Denys de la Patellière avec Le tueur. C'est oublié aussi que le comédien italien peut tout jouer, autant à l'aise dans le polar que dans le drame ou le western. Pourtant ce film ne se montre jamais à la hauteur des attentes ni de ses ambitions. A la qui la faute ? Au metteur en scène qui n'a jamais vraiment fait preuve d'une vigueur tenace ni d'une réelle inspiration ? Peut-être, comme le démontre son incapacité à tirer profit de Fabio Testi, acteur félin dont la puissance physique se conjugue à la mélancolie du regard. A un matériau un peu léger ? Sans aucun doute. Malgré de bons dialogues ciselés par Pascal Jardin, le scénario échoue à rendre captivante la traque d'un criminel par un vieux flic. 

Plus intéressant toutefois se veut en filigrane l'opposition des anciennes méthodes de la police qui n'hésite pas à copiner avec le Milieu (à l'image de Félix Marten, inspecteur au look de proxénète) face à la modernité. Dommage que celle-ci soit en revanche incarnée par Bernard Blier, qui n'y est pour rien mais qu'on voit mal en policier adepte de techniques novatrices. Recourir à un acteur plus jeune eut été plus pertinent. Et puis il y a Jean Gabin, las et fatigué, lequel n'aide pas à conférer au film la nervosité que son sujet réclame. Et puis, il ne partage aucune scène avec Testi. C'est dommage. Mais cela reste un plaisir de l'admirer jouer son Gabin, même s'il est vrai que les films qu'il a tournés avec De La Patellière (Le tonnerre de dieu, Du rififi à Paname, Le tatoué) ne comptent pas parmi ses meilleurs, à l'exception des Grandes familles. Le tueur n'en demeure pas moins attachant comme le champ du cygne d'un certain cinéma français qui tente justement de s'adapter à la nouvelle génération des années 70. Comme d'autres (Le chat par exemple) enfin, il s'inscrit dans ce Paris en pleine défiguration urbaine à laquelle la froide photographie de Claude Renoir enrobe d'un cachet sinistre empreint d'une tristesse certaine, symbole d'un nouveau monde qui rase l'ancien.  (vu le 14.08.2021) ⍖⍖




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