Enregistré durant plusieurs sessions entre 1992 et 1993, Voyage 34 illustre parfaitement ce que sont les vertes années de ce désormais géant du progressif. Bien que secondé par le claviériste Richard Barbieri sur la "Phase IV", Steven Wilson demeure l'unique géniteur de ce pavé de 70 minutes (pour seulement 4 morceaux !!) qui navigue entre musique électronique, space rock et rock progressif avec un talent certain mais également un manque de cohésion pour le moins évident.
Au final, et nonobstant l'incontestable génie du guitariste, le résultat ne s'apparente qu'à une demi réussite. Entendons-nous bien, cet album regorge de passages sidérants, empreints d'une beauté hypnotique et irréelle (la "Phase I" constitue notamment une pièce magnifique), et techniquement, il n'y a rien à dire, ça joue sévère de la part de Wilson qui tisse des soli aériens sur lesquels plane l'ombre de David Gilmour période The Wall.
Mais, en répétant la même trame mélodique à travers l'ensemble des compositions, ce qui est certes voulu, Voyage 34 ayant été pensé comme un seul titre subdivisé en plusieurs segments, le disque finit par tourner quelque peu en rond, ce que n'aide pas, en outre, un format entièrement instrumental et la durée parfois excessive de morceaux qui auraient mérité quelques bons coups de ciseaux pour certains d'entre eux. Surtout, il souffre de n'être le fruit que d'un seul musicien (ou presque) qui, tel une pieuvre, a présidé à toutes les étapes de sa réalisation. N'est pas Klaus Schulze, dans un genre un peu différent il est vrai, qui veut. On se rend alors compte combien Porcupine Tree a gagné en devenant un véritable groupe, cessant du coup, de n'être que le laboratoire épanchant la soif d'expérimentation de son géniteur.
Néanmoins, et afin de ne pas finir sur une note négative, reconnaissons que Steven Wilson parvient quand même à tirer son épingle du jeu dans un style difficile, propice à la médiocrité lorsqu'il est pratiqué par des artistes sans imagination, et qui lui permet de démontrer quel musicien ouvert d'esprit il est. (le 5 février 2007) ⍖⍖
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