29 mai 2022

KröniK | Porcupine Tree - The Sky Moves Sideways (1995)




Jusqu'à présent joujou exclusif de Steven Wilson, également guitariste de l'hydre à deux têtes No-Man, Porcupine Tree servait donc surtout de défouloir à ce dernier, lui permettant de partir explorer toutes sortes de chemins musicaux (space rock, pop...). Tout seul dans son studio, il bricolait à l'aide de machines des morceaux, certes de qualité, mais pâtissant trop de n'être que le fruit d'une seule personne chargée aussi bien de la création que de l'interprétation. C'est pourquoi, The Sky Moves Sideways s'avère si déterminant dans la carrière du groupe. 

Car justement, il est celui qui marque véritablement la naissance du groupe Porcupine Tree. Et même si Wilson a encore à peu prêt tout fait sur ce disque, il se voit maintenant accompagné par d'autres musiciens, des êtres de chair et de sang. Richard Barbieri (déjà présent sur Voyage 34) aux claviers, le bassiste Colin Edwin et le batteur Chris Maitland, vont désormais former l'ossature au service du génial chanteur et guitariste, lequel demeure toutefois le compositeur unique de l'Arbre à porc-épic. Mais ce changement fait toute la différence, et l'on s'en rend vite à compte à l'écoute de cette nouvelle offrande. 

Bien que souvent d'une durée conséquente (trois titres sur les six gravés ici, dépassent le quart d'heure), les compos se révèlent mieux structurées qu'auparavant ; certaines d'entre elles peuvent d'ailleurs être considérées comme de vraies petites perles rock qui vous rentrent dans le caberlot pour y faire leur trou, telles que "Dislocated Day" et le diaphane et émotionnel "The Moon Touches Your Shoulder". 

Surtout, The Sky Moves Sideways reste à ce jour l'album le plus foncièrement progressif de sa déjà imposante discographie, et ces longues pièces que sont  le morceau éponyme (subdivisé en deux parties) et "Moonloop" ne sont d'ailleurs pas sans évoquer le spectre du grand Pink Floyd et Wish You Were Here en particulier. Forgées sur une architecture essentiellement instrumentale, que fissure parfois un chant masculin ou féminin discret, elles s'envolent très haut grâce à la guitare stratosphérique de Steven Wilson, plus David Gilmour que jamais, et dont le talent se voit renforcer par une (vraie) section rythmique hallucinante de puissance. 

Alors, bien sûr, la musique se révèle toujours d'une grande froideur, presque glaciale parfois, mais, en prenant vie grâce à un véritable groupe, qui seul peut enfanter ce son organique, elle se parent du supplément d'âme qui faisait défaut aux premiers albums de Porcupine Tree, elle contribue à faire de celui-ci, une des pierres angulaires de sa carrière. (le 4 février 2007) ⍖⍖⍖

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