26 mai 2022

KröniK | The Picturebooks - The Picturebooks & The Major Minor Collective (2021)




Allemand de souche mais américain de cœur, The Picturebooks publie en 2019 "The Hands Of Time". Il y invite le temps d'un 'You Can't Let Go' sudiste et rampant la légendaire Chrissie Hynde des Pretenders pour ce qui reste un des meilleurs moments de l'album. Cette expérience semble avoir donné des idées à nos deux bikers qui, pour "The Major Minor Collective", ont convoqué une palette de chanteurs et chanteuses auxquels ils confient le micro sur l'ensemble des dix saillies qui le composent. Et on peut affirmer que pour un groupe encore jeune et relativement peu connu, le tandem possède un épais carnet d'adresse qui laisse rêveur ! 

De fait l'affiche présentée a de quoi faire baver, réunissant entre autres Chris Robertson (Black Stone Cherry), Neil Fallon (Clutch), Jon Harvey (Monster Truck) ou Erlend Hjelvik (ex Kvelertak) pour les garçons, Elin Larsson (Blues Pills), Leah Wellbaum (Slothurst) ou Lzzy Hale (Halestorm) pour les filles. Chacun d'entre eux est ainsi convié à interpréter une chanson, bâillonnant du coup Fynn Claus Grabke qui se contente de frotter son manche. Entreprise séduisante sur le papier, confier le chant à autant d'invités aurait pu aussi être une fausse bonne idée, car grand était le risque pour les Teutons de s'éparpiller en cherchant à coller au style d'intervenants venus d'horizons musicaux différents. 

Il n'en est heureusement rien et "The Major Minor Collective" ne dilue jamais l'identité de ses géniteurs dans la somme des personnalités auxquelles le chant est délégué. Mieux, ce sont avant tout les invités qui se fondent dans le moule façonné par The Picturebooks comme l'illustre par exemple 'Holy Ghost', garage rock lancinant, qui n'évoque absolument pas Monster Truck malgré la performance de Jon Harvey. Pour autant, ces guests ne désertent pourtant pas tout à fait leur terrain de jeu habituel, témoin 'Rebel', ballade puissante et enflammée que propulse une Lzzy Hale très en forme. 

Mais en vérité, ces chanteurs remplissent une sorte de boîte à outils dans laquelle les Allemands piochent selon la couleur dont ils veulent pigmenter chacune de leurs compositions. Erlend Hjelvik injecte sa férocité rocailleuse à 'Multidimensional Violence', Elin Larrson, sa sève rugissante à 'Too Soft To Live And Too Hard To Die' tandis que Chris Robertson plonge dans les Bayous avec 'Catch Me If You Can'. 'Beach Seduction' ondule comme un tube tranquille des années 60 grâce à la présence chaleureuse de Leah Wellbaum et 'Corrina Corrina' profite du chanteur de Clutch pour forcer le trait d'un rock costaud imbibé de blues. 

Fidèle à sa patte désertique et mazoutée, The Picturebooks ne quitte pas l'Amérique très profonde qu'il n'a de cesse de sillonner depuis "Imaginary Horse", utilisant pour un résultat toujours aussi fun et décontracté les voix(es) de ses invités dont il presse habilement le jus mais sans lesquels "The Major Minor Collective" n'aurait sans doute pas dégagé un tel charme magnétique. (10.10.2021 | MW) ⍖⍖

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