8 mai 2022

KröniK | Nox Inferi - Adverse Spheres (2008)




Si les Etats-Unis ont pu apparaître il y a peu comme le terrain du renouveau du metal noir, force est de constater que désormais, l’aura qui entouraient ses piliers s’est bien affadie, entre un Xasthur en pilotage automatique, un Leviathan en sommeil, un Nachtmystium qui déserte de plus en plus la chapelle, pour un résultat néanmoins excellent ou un Krohm déjà à court d’idées. C’est peut-être en Australie qu’il faut maintenant orienter les recherches si l’on veut trouver un peu de sang neuf. En effet, outre un Striborg en Tasmanie qui déverse sa semence à la régularité d’un métronome, de Austere à Funeral Mourning ou de Abyssmal Sorrow à Nox Inferi, ça se bouscule dans les caveaux humides, dans les cryptes éclairées à la bougie. 

Nox Inferi justement, est encore un jeune groupe – il a vu la nuit seulement en 2007 – mais sa première pierre à l’édifice noir, Adverses Spheres, s’avère déjà prometteuse de grandes choses. Signé chez Those Opposed Records dont j’ai déjà beaucoup parlé, le trio y forge un black metal singulier qui ne ressemble à nul autre ce qui ne l’empêche pourtant pas de respecter une certaine forme d’orthodoxie. Etouffant, ce bloc qui se scinde en six parties anonymes, possède la capacité rare d’emplir l’espace d’une manière hallucinante. Dès les premières mesures, on a ainsi l’impression de pénétrer dans une cathédrale immense et glaciale. 

Omniprésents, les claviers n’atténuent en rien la portée de sonorités à la négativité vertigineuse et bien au contraire ils participent de l’érection d’un monument impie noyé dans une opacité inquiétante et dont on peine à distinguer tous les côtés. Le chant, âpre et désespéré, semble provenir d’un caisson de résonance tandis que les guitares suintent des riffs étouffés et obsédants. Ni suicidaire comme tant d’autres admirateurs de Burzum ni adepte d’une lenteur pétrifiée et masochiste, Nox Inferi trace sa propre voie. Et s’il ne se dépare ni d’une thématique anti chrétienne finalement assez classique – quoiqu’il élabore davantage une sorte de cosmogonie maléfique – ni d’une noirceur qui demeure un des invariants du genre, il le fait à sa manière, avec cette gravité presque solennelle et cette façon de sculpter des paysages mortifères d’une beauté hypnotique effrayante. 

Le fait qu’aucun nom de piste ne soit renseigné invite bien entendu à aborder (comme souvent) cette œuvre en forme de tout dans sa globalité et non par miettes. C’est seulement comme cela que Adverse Spheres peut se déployer comme il le doit, peut libérer sa puissance sourde et envoûtante. Acteurs essentiels de la scène black metal australienne par le biais d’une multitude de projets auxquels ils prennent part, ses trois âmes sont donc à suivre de très prêts, ce premier essai le prouve. On tient là avec le Withering Illusions And Desolation d’Austere, l’une des pièces maîtresses de l’art noir des antipodes. Point barre. (24.02.09) ⍖⍖⍖

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire