1 mai 2022

KröniK | Noekk - The Minstrel's Curse (2008)




Bon an mal an, Noekk, le projet né des cendres du défunt Empyrium sort une nouvelle offrande dans une indifférence pénible. A sa charge, il faut dire qu’à une époque où triomphe le conformisme et la musique « code barre », l’originalité, voire la singularité, ont du mal à exister. Chantre d’une espèce de rock progressif mystique, Noekk propose déjà avec The Minstrel’s Curse son troisième essai. Troisième disque, troisième visage d’une même œuvre qui, en dépit d’invariants bien ancrés désormais, dont le chant théâtral de Funghus Baldachin (alias Helm) et le son si particulier propre à Markus Stock (Schwadorf), ne cesse d’évoluer, de progresser, de creuser un sillon qui n’appartient qu’à elle. 

Moins mystique que The Water Sprite, moins progressif que The Grimalkin bien que tout aussi inventif, cet album s’impose comme le plus rock des trois, visage qu’il doit beaucoup à ses deux premiers titres (sur quatre), « The Minstrel’s Curse » et « Song Of Durin », hanté comme toujours par des claviers organiques et brumeux, qui vibrent d’une tristesse lourde, comme sur l’instrumental « How Long Is Ever ». Plus ramassés, ces deux titres n’en demeurent pas moins fidèles au cahier des charges que s’est imposé le duo (si tant est qu’il s’impose quoi que ce soit !) : créer un art aux multiples ramifications et atmosphères qui ne suit jamais une ligne vraiment droite. 

Pourtant, cette fois, Noekk ne nous surprend plus autant et on reste un peu sur notre faim. Ce n’est pas tant la durée étonnement courte (34 petites minutes) pour les canons actuels de The Minstrel’s Curse qui est en cause (après tout les disques des années 70 ne dépassaient que rarement ce format), mais plutôt le sentiment d’inachevé que procure une dernière piste qui meurt peu à peu sur près de 7 minutes dont les ultimes mesures, parlées, sur un fond sonore tragique et pesant, dégagent cependant une noirceur infinie quasi mystérieuse. 

De fait, cet opus parvient moins que ses aînés à nous transporter loin vers l’inconnu. Ce bémol n’enlève toutefois rien à la très haute tenue de cet album qui se libère avec flamboyance des ambiances et un esprit médiéval admirablement rendus, au point de faire revivre toute la scène folk progressive à la Jethro Tull, en plus dur toutefois. Car c’est là un des atouts majeur des Germaniques, celui de savoir conserver un ancrage dans le monde du metal, quand bien même ceux qui espèrent, avec ce groupe, renouer avec la beauté pastorale d’Empyrium, en seront pour leur frais. 

Toujours aussi unique, Noekk continue de nous enchanter et tant pis si son talent reste confiné à une poignée d’adorateurs. (12 mai 2008) ⍖⍖⍖

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