Lancé en 1979, Night Ranger a toujours occupé une place un peu à part au sein du hard rock américain, coincé entre la génération d'Aerosmith et celle du hair metal des Mötley Crüe et autres Poison. Composé de pointures du genre, notamment le chanteur/bassiste Jack Blades et le guitariste Brad Gillis, le groupe rencontre un très grand succès dans les années 80 grâce à la doublette "Dawn Patrol" (1982) et "Midnight Madness" (1983). Depuis et malgré une pause entre 1989 et 1991 qui a vu ses membres lui faire des infidélités (Damn Yankees où Blades se frotte à Ted Nugent, par exemple), le groupe poursuit tranquillement sa carrière au gré de multiples va-et-vient de musiciens.
Mais loin de pointer tous les deux ou trois ans pour capitaliser sur une réputation toujours intacte, les Américains affichent au contraire une forme insolente, comme l'ont confirmé "Somewhere In California" (2011) et "Don't Let Up" (2017). Et ce n'est pas "ATBPO" qui enrayera cette mécanique toujours aussi rutilante. Derrière ce titre énigmatique se cache en fait l'acronyme de “And The Band Played On”, manière de signifier que les gars de San Francisco n'ont décidément pas l'intention de raccrocher. Pourquoi le feraient-ils d'ailleurs alors qu'ils sont encore capables d'enchaîner les brûlots comme d'autres les perles ?
A cet égard, ce treizième album en dévoile une belle collection. A croire que les vieux ont saupoudré de Viagra leur tisane ! Il y a de tout dans cette galette, des hymnes en puissance, remuants et racés ('Coming For You'), de tendres sucreries ('Can't Afford The Hero', 'The Hardest Road'), du Queen ('Dance' et son amorce à la 'We Will Rock You') et toujours une overdose de mélodies, flamboyantes, raffinées mais néanmoins gorgées de décibels. La paire Gillis / Keagy accouchent de soli étincelants ('Hard To Make A Easy') tandis que Jack Blades nous rappelle quel grand chanteur il demeure toujours, témoin ce 'Breakout', à la fois énergique et bourru et lui aussi illuminé par les éruptions des guitaristes.
Serties de chœurs fédérateurs et d'accroches mordantes, toutes les chansons mériteraient d'être citées tant le menu dégorge de joyaux indispensables. Aucune baisse de régime ni maladresse ne viennent grever cet album aussi lumineux que salvateur. Revigorante, son écoute procure tout simplement un bien fou et donne envie de soulever des montagnes.
Sophistiqué et batailleur, "ATBPO" frappe fort, imparable brochette de chansons taillées dans un hard (FM) américain éternel et exalté que signe un Night Ranger dans une forme effrontée qui laisse rêveur ! (03.10.2021 | MW) ⍖⍖⍖
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