2 mai 2022

KröniK | Inexistence - Le jugement dernier (2021)




Une question, légitime, pour commencer. Musicien dont le talent n'a d'égal que la sève stakhanoviste, où Psycho trouve-t-il donc le temps de s'activer à la fois au sein de Suicidal Madness et d'enrichir à un rythme effréné la discographie de Inexistence, son projet parallèle ? Bref, l'homme n'est pas du genre à rester vautré dans son canapé à attendre que les journées filent sans rien faire. Il le démontre encore une fois avec Le jugement dernier qui succède déjà à A Journey Through Ancien Times, dont il a accouché il n'y a que quelques mois à peine ! Il faut croire que cet humus électronique qui lui sert de combustible, l'inspire particulièrement. Nul ne s'en plaindra. 

Pour autant, nombreux sont les artistes à parfois confondre vitesse et précipitation, écueil dans lequel ne tombe heureusement pas le guitariste de Suicidal Madness qui a le bon goût de nous enchanter à chaque nouvelle livraison d'Inexistence dont il ne reste plus rien des maladresses, des hésitations, de mise sur ses premiers signes de mort aux allures d'ébauches au demeurant sympathiques. Les créations sous cette bannière electro ambient se suivent mais ne se ressemblent pas. Ainsi, après le dungeon synth nostalgique égrené par A Journey Through Ancient Times (dont il subsiste cependant quelques traces comme l'illustre une piste telle que le dramatique 'Oraison funèbre'), ce troisième périple officiel braconne sur des terres plus contemporaines et plus hypnotiques encore. Plus cinématiques surtout. Et toujours instrumentales. 

Secoués par un tempo minimaliste et pulsatif, 'Chaque minute nous rapproche de la fin' ou 'Châtiments infernaux' évoquent les bandes originales  tricotées par John Carpenter tandis que 'La foule des damnés' pourrait rythmer un film de zombies italien des années 80 ! Les sonorités vrombissantes d'un Carpenter Brut ne sont pas loin non plus du 'Jugement dernier'. Ces pulsations obsédantes sont néanmoins flanquées d'autres plages davantage portées sur les ambiances, sinistres et enveloppantes, à l'image de 'La prophétie', qui brille d'un éclat hanté, ou du funèbre et romanesque 'Codex Lucis'. De fait, ses teintes modernes et fiévreuses n'exonèrent jamais cet opus de ces atmosphères sombrement contemplatives chères au maître de cérémonie comme en témoigne 'La morsure du serpent' dont la partition envoûtante se pare d'un lustre macabre. 

Geôle nocturne et trippante, Le jugement dernier confirme encore un peu plus la valeur grandissante d'Inexistence dont on assiste, avec tendresse et le sentiment d'être les témoins privilégiés d'un trésor secret, à sa mue progressive en une entité totalement aboutie, mêlant avec brio pastel (dark) ambient et effluves électroniques.  (25.09.2021 | LHN) ⍖⍖⍖

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