18 mai 2022

KröniK | Cornucopia - The Reaper (2021)




Lorsqu'un groupe décide de se baptiser Cornucopia, titre d'une chanson de Black Sabbath (sur Vol. 4, pour les puceaux), on se doute un peu qu'il ne tétera ni la mamelle du speed metal ni celle du grindcore ! Bien doom sera évidemment son art. Pesant comme un bon cassoulet, englué dans une épaisse nappe de mazout. Dont acte. 

Première bûche débitée par ces bretons, The Reaper est donc un peu tout cela, la peau tannée, le rythme rare, le frein à main toujours serré. Riffs graisseux et voix aussi enfumée que monocorde à la Jus Oborn (Electric Wizard) assomment ces enclumes qui mouillent d'une force souterraine et quasi sismique. Mais le caractère brut de décoffrage de l'ensemble trahit les racines punk et hardcore de Max (basse) et de Dark JohnGawk (tout le reste), deux gaillards inconnus en dehors de leur cage d'escalier qui frappent pourtant très fort avec ce jet séminal qui poisse les sens et se suce comme une hostie au goût perfide. The Reaper transpire l'underground old school par toutes les notes. Edition en bonne vieille cassette des familles, enregistrement dans une cave, l'obole sue la première prise. Sans fioritures ni artifice. Mais avec beaucoup de gras dedans, vous l'aurez compris. 

'Dark Lady Of The Night' écarte les cuisses de ce galop d'essai et creuse d'emblée dans un sol rocailleux la signature du tandem avec ce tempo boueux qui ne passe jamais la seconde, cet accordage tellurique, ce chant embué, monotone et pourtant habité. Ca sent le goudron et la beuh, mélange acide eux relents de cosmos frelaté. Le reste est peu ou prou taillé dans la même barrique, ce qui donne par moment l'impression d'écouter toujours la même chanson enlisée dans un substrat sabbathien dont elle ne parvient jamais à s'extraire. A l'exception de 'Into The Grave' qui surprend par sa vélocité fiévreuse et son énergie rugueuse qui donne envie de taper du pied, auquel succède un intermède instrumental décharné du plus bel effet, manière de briser une trame générale placée sous le sceau d'une lancinance pétrifiée. Cette linéarité pourrait être fâcheuse sinon lassante mais participe pourtant au contraire à l’érection de cet agrégat compact aux allures d’étau vicié qui vous enserre, vous étouffe pour finalement vous plonger dans un baquet au fond duquel macère une espèce de méchanceté grumeleuse. 

Avec The Reaper, Cornucopia propose une bonne tranche de doom fumé au bois de chêne qui régalera les fans d’Electric Wizard et laisse affleurer un potentiel qu’on devine encore à peine dépuceler. Vivement la suite !  (04.10.2021 | LHN) ⍖⍖

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