La production télévisuelle américaine des années 70 regorge de petites perles oubliées, chargées de charme et de qualités, n'ayant pas à rougir de la comparaison avec certains films pour le grand écran. Tel est le cas par exemple de A Tattered Web. Plusieurs raisons expliquent la très bonne tenue de ce téléfilm tourné en 1971.
La présence de Paul Wendkos derrière la caméra, artisan chevronné et tous terrains (le thriller avec Le cambrioleur, le western avec Le salaire de la haine ou Les canons de Cordoba, le fantastique avec Satan, mon amour), est l'une d'entre elles. Son solide scénario (signé Art Wallace) qui n'occulte pas la psychologie de ses protagonistes, en est une autre. Un flic (Lloyd Bridges) tue accidentellement la maîtresse de son gendre, une putain de surcroît, et s'enlise jusqu'à la folie, ne reculant devant rien pour protéger les siens, comme faire accuser un innocent de son crime.
Malgré son format extrêmement resserré (77 minutes), A Tattered Web prend le temps de tisser le portrait d'un homme soucieux de préserver sa fille jusqu'à l'obsession, père violent et hanté par la pureté féminine, rejouant avec sa progéniture qu'il a élevée seul, la brutalité quasi funeste dont il a usé dans le passé pour corriger son père qui battait sa mère.
Le téléfilm affiche enfin comme autre qualité son impeccable distribution. Au milieu de tronches familières sur lesquelles on ne sait jamais mettre un nom (Roy Jenson, John Fielder, Murray Hamilton), Lloyd Bridges étonne dans la peau de ce flic torturé tandis que Frank Converse écope d'un de ses meilleurs rôles. Mais c'est Broaderick Crawford, pathétique en clochard ivrogne que le sergent Stagg cherche à faire condamner à sa place, qui impressionne le plus. La scène où le policier lui laboure en quelque sorte le cerveau afin de le convaincre qu'il est l'auteur d'un meurtre qu'il n'a donc pas commis, est terrible et bouleversante. (vu le 27.07.2021) ⍖⍖
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