Au milieu d’une fin de parcours sans éclat mais néanmoins sympathique, soulignant l’inusable passion de Jean-Pierre Mocky pour le cinéma et contre les modes, 13 French Street fait figure de bonne pioche. Non pas qu’il tutoie la réussite immorale et débraillée des grandes heures du réalisateur français disparu en 2019, emballé comme un téléfilm et joué de façon caricaturale par Nancy Tate qui force trop le trait en salope intégrale mais il présente pourtant quelques savoureux numéros d’acteurs entre un Bruno Solo, parfait en maître-chanteur vicelard, et un Thierry Frémont aux allures de Harvey Keitel franchouillard sans oublier Tom Novembre en Droopy faussement naïf et une Léa Seydoux déjà troublante.
L’atmosphère pesante et anglaise qu’il distille lui confère au surplus un cachet un peu suranné tandis que l’humour cher à cet artisan éternellement rebelle dépasse parfois avec une sarcastique gourmandise. Alors plus proche d’un Jean Rollin du polar que de son ami Claude Chabrol, Mocky n’a plus de pognon mais il s’en fiche, pouvant compter sur les copains (le fidèle Dominique Zardi) et quelques gueules du paysage cinématographique hexagonal toujours prêts à croquer une de ses bobines et à avaler ses dialogues écrits à l’encre noire.
Pour toutes ces raisons, on lui pardonnera ce récit cousu de fil blanc chauffé par une lourde ambiance sexuelle et la minceur d'un budget dans lequel 13 French Street glane une part de son charme modeste. (vu le 26.07.2021) ⍖⍖
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