4 avril 2022

KröniK | Voodus / Domgård - Ginnungagap / Ljungeld över människan (2021)




Alliance 100 % suédoise, Ginnungagap / Ljungeld Över Människan unit Voodus et Domgård. Deux groupes qui figurent parmi les plus doués de la chapelle black metal sise dans ce pays coincé entre la Norvège et la Finlande, entre brutalité belliqueuse et puissance épique. Deux groupes différents mais dont l’association s’avère finalement cohérente. 

Baptisé d’abord Jormundgand, le premier creuse à peu près le même sillon que son compatriote Ereb Altor soit un black metal qui allie âpreté granitique et atmosphères enivrantes. Ce qui lui commande des pièces généralement très longues, sculptant des paysages empreints d’une ténébreuse majesté qu’une certaine noirceur crépusculaire héritée de l’école Watain / Valkyrja drape néanmoins d’un obscur brouillard. Fidèle à ses standards établis par Into The Wild (2018) et qu’encadrent trois EPs, Voodus amorce l’écoute avec deux compositions qui remplissent à elle seules la moitié du menu. 

Mid-tempo d’une lancinance épique, ‘Ginungagap’ évoque très clairement les travaux d’Ereb Altor et donc, par là même, Bathory, éternelle et matricielle figure de cet art noir enraciné dans un humus à la fois mythologique et géographique. En sept minutes, le groupe place la barre très haut avec ce qui restera sans aucun doute comme une de ses créations les plus abouties. Et une des plus gravement émotionnelles aussi, évocatrice d’un monde légendaire écartelé entre le feu et la glace. Plus étiré encore, ‘The Call’ maintient un rythme assez lent qu’emporte par moment un torrent déchaîné qui l’entraîne dans les profondeurs d’un insondable abîme. Ces dix minutes aux allures de récit épique dictent à ses géniteurs un relief meurtri et sinueux tout ensemble que gravit une beauté dramatique toutefois cisaillée par des riffs durs comme la roche froide de fjords plongés dans une nuit hivernale. 

Cette première partie s’oppose à la contribution de Domgård dont les titres arborent une forme plus trapue et souvent abrasive. Ce qui ne leur interdit pas une ambiance parfois cosmique. L’intro ‘Ofredshymn’ et le tapis emphatique qu’étalent les claviers  (‘’Ljungeld Över Människan’) cultivent ainsi cette dimension nébuleuse. Plus classique dans son expression grouillante et dissonnante, Domgård n’affiche pas tout à fait les mêmes qualités que son partenaire dont on préfère très nettement l’apport mélancolique, bien que ‘Av Muspells Eldar Krönt ‘ ou ‘Förbannesedom’ ne sont pas vierges d’une sombre émotion nichée dans les crevasses de ces compos aux traits sévères et plus agressifs que ne le sont ceux dévoilés par Voodus. 

Cette collaboration présente deux facettes du black metal suédois, grandiose pour l'un, rude pour l'autre mais toujours accrocheur et inspiré, quand bien même dans cette lutte fraternelle, Voodus l'emporte sur Domgård. (18.08.2021 | LHN) ⍖⍖⍖

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