24 avril 2022

KröniK | Noekk - The Grimalkin (2006)




Markus Stock s'arrête-t-il parfois pour dormir ? Pisser ? Manger ? Rien n'est moins sûr tant l'homme aime à multiplier les activités, entre la production dans ses studios (le studio E) d'une myriade de groupes, parmi lesquels on peut citer Dark Sanctuary ou Antimatter, pour les plus récents à y avoir pénétré ; et ses divers projets en tant qu'instrumentiste. Entre deux albums de ce qui est devenu depuis la mort d'Empyrium, son principal port d'attache, The Vision Bleak, il trouve quand même le temps de participer à Noekk, dont il laisse toutefois le gouvernail à son ami Helm. 

Après un premier essai de la trempe de The Water Sprite, publié il y a un an, on attendait beaucoup de cette seconde offrande, et autant le dire tout de suite, le duo nous a encore comblé ! Mieux, tout en poursuivant dans la voix d'un rock atmosphérique qui enfonce ses racines dans le progressif, le vrai, celui des années 70, Noekk parvient à transcender une identité déjà très marquée. 

En ne proposant que trois très longs titres (en 42 minutes !), on sent que le groupe a brisé ses chaînes afin d'aller au bout de son inspiration et de sa folie artistique. Encore plus progressif et mystique que son ainé, plus metal également, The Grimalkin est tout d'abord porté par le chant profond, théâtral et tragique de Helm, véritable clé de voute d'un édifice qui suinte une tristesse sincère et délicate, cent fois plus touchante que les cris de douleur déversés par le gothique des caniveaux. 


Les premières mesures de "The Albatross", peut-être inspiré par le célèbre poème de Baudelaire, semblent renvoyer directement aux derniers Empyrium. Après ce murmure, le titre démarre brutalement et s'enfonce peu à peu à coup de brusques changements de rythme dans un labyrinthe musical passionnant à suivre, où des claviers à la palette de sons d'une richesse infinie  en provenance directe des seventies superposent des couches sonores grandioses et majestueuses, à l'image de l'oiseau dont elles illustrent l'existence. 

D'une durée équivalente (c'est-à-dire, un peu plus de dix minutes), le morceau éponyme démarre par quelques notes de pianos mélancoliques avant d'emprunter la même destinée que son superbe prédécesseur, mais alterne cependant davantage les passages posés d'une grande pureté et les envolées flamboyantes. Mais c'est avec le dernier titre de plus de vingt minutes, "Codex Deserta", que The Grimalkin atteint son apogée créatrice. S'il suit un canevas à peu prêt identique à ses deux compagnons, il multiplie, sa durée aidant, les ramifications au point de faire de lui un immense voyage mystique et émotionnel étourdissant. 

Progressif dans l'âme, Noekk n'a cependant conserver de ce genre que l'esprit et les ambiances, plus que la virtuosité stérile que ses ténors se sont souvent vus reprocher. Au contraire, bien que techniquement irréprochable, le duo laisse toujours l'émotion s'échapper de leurs longues compositions, lesquelles, sont très loin de ne se réduire qu'à un assemblage de plans sans queue ni tête ; en dépit de leur durée, on sent que les morceaux sont tenus fermement par leurs capitaines. Encore une réussite à mettre à l'actif de Markus Stock dont l'immense talent donne l'impression de rester prisonnier de l'underground. Pourtant, bien qu'imméritée, cette quasi confidentialité lui convient peut-être... (07.05.2007 | MW) ⍖⍖⍖⍖

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