Aux côtés de Doro, Lita Ford, Joan Jett ou Robin Beck, Lee Aaron fait partie de ces metal queens qui ont enflammé nos platines (mais pas que) d'ados des années 80. A bientôt soixante ans, la (toujours) belle Canadienne pourrait aspirer à une retraite tranquille mais, comme ses collègues masculins de la même génération ne semblent, pour la plupart d'entre eux, pas prêts de raccrocher, pourquoi se priverait-elle de poursuivre encore sa carrière ? D'autant plus que la chanteuse affiche une forme insolente et une énergie ad hoc. Dans une veine aussi facile que sympathique, l'album de reprises "Diamond Baby Blues" (2018) est venu nous le rappeler avec plaisir et panache.
Trois ans plus tard, "Radio On !" enfonce encore un peu plus le clou. A son écoute, on peine à imaginer que c'est une femme de 59 ans qui mord le micro ! Quelle santé, quelle pêche, nom de dieu ! On rêverait tous d'avoir une maman comme elle. Ça swingue, ça rock chez la Canadienne qui, toujours flanquée de son batteur de mari John Cody, a capturé cette rondelle en pleine Covid et surtout dans des conditions live qui lui dictent cette vitalité ravageuse doublée d'une rafraîchissante authenticité.
Avoir la patate, c'est bien, mais additionnée à de belles idées, c'est encore mieux. Et "Radio On !" n'en manque pas, distribuant avec largesse les hymnes en puissance, taillés pour les ondes. Qui se garderont bien de les diffuser car l'air du temps n'est plus à ce (hard) rock vitaminé. Mais la belle n'en a cure et nous aussi ! Sous la houlette du maître Mike Fraser, producteur emblématique de cette époque aussi bénie que révolue, Lee Aaron nous régale de douze chansons qui, comme il y a trente-cinq ans, ont le bon goût de balancer entre puissance et émotion, les mid-tempos dominant l'ensemble. A commencer par 'Vampin', entame du feu dieu qui vampirise d'emblée l'auditeur et lance l'écoute de la plus racée et nerveuse des façons. Mélange vocal de force et de suavité, rythmique de bûcheron et solo qui tape dans le mille alimentent ce tube digne des grandes heures d'Aerosmith ("Pump" n'est pas loin). Fraser oblige.
Le reste est à l'avenant, qui fait du bien ('Cmon'), donne envie d'avaler les kilomètres à bord d'une robuste mécanique à travers de vastes étendues ('Radio On' et ses discrets arrangements gorgés de feeling) ou de faire un câlin à l'image des 'Wasted', 'Twenty On' et plus encore l'énorme 'Devil's Gold', respiration dramatique et ensorcelante longue de six minutes. Comme des réminiscences de "Diamond Baby Blues", l'album flirte souvent avec le blues dont la sève coule dans les lignes vocales de la féline maîtresse des lieux qui n'a perdu ni sa fougue ni sa voix adorablement vieillie comme dans un fût de chêne, témoins les 'Soul Breaker', 'Mama Don't Remember' ou bien encore 'Soho Crawl'.
Nostalgique sans être poussiéreux, "Radio On !" se déhanche entre brûlots rock et saignées romantiques, nous replongeant avec délectation dans les années 80 avec sa collection impeccable de chansons qui le sont toutes autant. Il n'y a rien à jeter et surtout pas Lee Aaron plus en forme(s) que jamais ! (28.08.2021 | MW) ⍖⍖⍖
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire