25 avril 2022

KröniK | Groza - The Redemptive End (2021)




Au moins avec Groza, les choses sont claires : les Allemands doivent un éternel tribut à Mgla dont ils ont piqué le titre du premier album pour nommer leur groupe. Ce sont donc des fans et ils agissent comme tel, tant dans la forme (anonymat servi par de simples initiales comme noms de musiciens et des têtes évidemment encapuchonnées) que dans le fond (un black pesant mais mélodique, sombre et minéral). Ils prêtent ainsi le flanc aux critiques et ce, d'autant plus que les Polonais, devenus (trop) à la mode, divisent le landerneau black metal depuis longtemps. On se demande bien pourquoi mais ceci est un autre sujet. 

Toujours est-il qu'à l'instar de Uada, Groza s'en est pris plein la gueule au moment de la sortie du séminal Unified In Void (2018) qui, certes, n'était pas indispensable mais offrait un ersatz aussi appliqué qu'efficace du matriciel Mlga. Presque trois ans plus tard, les Teutons reviennent avec The Redemptive End et il est somme toute peu probable que l'accueil qui lui soit réservé se révèle plus bienveillant. Du moins chez les grincheux qui les ont pris en grippe car nombreux sont aussi ceux qui les jugent certes dénués de toute personnalité mais leur reconnaissent une incontestable habileté. L'originalité n'est à tout et le plaisir déclenché par l'écoute d'un disque se veut au moins aussi important. Et la musique forgée par Groza est justement jouissive. 

Elle l'est même de plus en plus comme le révèle ce deuxième effort qui à la fois domine de la tête et des épaules son devancier et n'a franchement pas à rougir de la comparaison avec Age Of Excuse, dernier opus en date des Polonais à l'inspiration quand même un peu en berne. La similitude que les Allemands cultivent avec ces derniers demeurent ainsi toujours aussi troublante Même voix qui racle, même guitares qui galopent à travers des paysages épiques et meurtris, mêmes atmosphères crépusculaires, mêmes traits rocailleux. Mais on s'en fout car The Redemptive End file la trique des grands jours à l'image notamment du morceau qui donne son titre à l'album soit plus de huit minutes corsetées d'une froide dureté mais néanmoins gorgées d'une enivrante beauté. La seconde partie, introduite par des notes douces et squelettiques, se veut tout simplement irrésistible, martelant un bouleversant désespoir. Le diptyque 'Sunken In Styx', 'Elegance Of Irony' ou 'Homewards' imposent un constat identique, compositions aussi envoûtantes que sévères taillées dans le meilleur de Mgla dont Groza mime cette capacité à creuser dans la roche gelée et tranchante des ouvertures torrentueuses et dramatiques ('Nil'). 

Originalité aux abonnés absents peut-être mais The Redemptive End dévoile un groupe plus inspiré et impérial qu'à ses débuts et pas loin de tutoyer la même réussite que son maître dont il nous livre une photocopie aussi saisissante que redoutable. Il faut être sourds ou faire preuve d'une mauvaise foi tenace pour ne lui reconnaître les qualités qui sont les siennes. Ses détracteurs continueront à hurler au plagiat éhonté, ce qui n'est pas totalement faux tandis que les autres seront trop heureux de goûter une formation dont on ne pensait pas qu'elle pourrait gravir de tels sommets. Faites fi des à priori et laissez vous emporter par ce black metal mélodique parfois mais toujours incisif, plein d'une rudesse frissonnante, massif et grandiose tout ensemble. (18.09.2021 | LHN) ⍖⍖⍖

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