Suite au sabordage de Church Of Void, ses membres ne se sont pourtant pas éloignés les uns des autres puisque deux groupes les voient très vite se croiser : Byron et Fimir. Si le premier est avant tout le jouet de Johannes Lahti, le second a quant été lui été fondé par le chanteur Magus Morvus et le guitariste Jyri Vahvanen, lesquels, déjà à l'origine de Church Of Void, épaulent d'ailleurs leur ancien compère dans sa nouvelle aventure ! Le doom est une histoire de famille, notamment chez les Finlandais.
Quelques mois après The Omega Evangelion dont Byron s'est délesté, c'est au tour de son (faux) frère-jumeau de nous inviter à pénétrer dans son antre. Bien qu'ils partagent racines et (certains) musiciens, les deux formations n'en affichent pas moins des traits différents. Au doom rock parfois évolutif nimbé de voix féminines de Byron, Fimir préfère une expression plus traditionnelle. De prime abord du moins car la réalité demande à être nuancée. Nous n'en attendions pas moins de la part de Corvus et de Vahvanen. Il suffit à ce titre d'écouter 'One Eyes Beast' pour cerner la démarche du groupe, amorce longue de presque dix minutes, furieusement accrocheuse et néanmoins écrasée par une lourdeur solennelle.
Le son est épais, vibrant sous les coups de boutoir d'une basse brouteuse d'espace tandis que le chant, puissant et mélancolique tout ensemble, n'est pas sans évoquer un croisement entre Albert Witchfinder (Reverend Bizarre) et Chritus (Lord Vicar). Et surtout les guitares sont belles à pleurer, pilotant une seconde partie aussi majestueuse que bouleversante. A cette entame sinueuse, creusée de multiples méandres, succède un 'Horde Of Crows' plus nerveux. Plus mordant surtout, paré d'une agressivité presque black metal que véhicule le chant parfois théâtral de Magus. Quant à 'White Wolf', il gronde d'une énergie plus heavy metal que purement doom, quand bien même la croûte sonore qui l'enchâsse lui confère une lourdeur granitique. Et encore une fois, la prestation du chanteur se révèle versatile, tour à tour sentencieuse et enténébrée d'une noirceur abrasive.
En trois morceaux, Fimir brouille en vérité déjà les pistes, livrant un heavy doom que n'effraient pas les morsures du black metal. Et que dire de 'Obsidian Giant', reptation engourdie portée elle aussi par un Corvus grave et magistral. Il est décidément l'Homme de ce premier album. Plus expérimental, 'Temple Of Madness' déroule une trame instrumentale funèbre et rongée par la rouille, prisonnière d'une gangue croûteuse jusqu'à ce final qui voit la guitare dresser une superbe verge émotionnelle. 'Mausoleum Craft' ferme l'écoute, sentinelle haute de plus de huit minutes qui déraillent peu à peu, sombrant dans la folie, troquant le doom nerveux et classique de sa première moitié pour une approche plus déglinguée que lèche progressivement une lèpre corrosive pour d'achever dans les émanations telluriques d'un gouffre dark ambient.
Tomb Of God n'a donc rien de traditionnel, plongeant le doom dans un baquet à la fois black metal et atmosphérique aux confins d'une musique bruitiste. Ce faisant, il affirme déjà la forte personnalité de Fimir qui poursuit le travail entamé par Church Of Void tout ne propulsant dans une autre dimension, mythologique et ténébreuse. (12.09.2021 | LHN) ⍖⍖⍖
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